Retour à un régime pluviométrique normal sur le Sud du pays alors que des signes semblent indiquer qu’on pourrait se diriger vers une dangereuse (une autre) saison cyclonique sur les Antilles.

Au cours des 4 ou 5 dernières années, la fin de l’hiver et particulièrement le début du printemps ont été marqué par un régime pluviométrique anormalement élevé sur de nombreuses régions du pays comme l’Ouest, le bas Artibonite, le sud du Plateau Central entre autres alors que généralement cette période est plutôt caractérisée par une pluviométrie assez faible ou moyenne (climatologie 1981-2010). Ces anomalies pour nombre d’observateurs ou simples citoyens auraient été causées par un dérèglement du climat. Toutefois, une analyse minutieuse des conditions révèle que ces anomalies seraient plutôt dues à la distribution des températures sur les océans Atlantique et Pacifique. L’année 2018 qui commence dans quelques jours sera-t-elle du même cru ou se situera-t-elle dans la norme observée sur la période 1981-2010 ? La violente et très active saison cyclonique écoulée marque-t-elle le retour à un cycle de phénomènes météorologiques extrême pour la région caribéenne et les côtes nord-américaines après une décennie de calme relatif ?

Pluviométrie au-dessus de la normale au cours des 4 dernières années pour mars et avril ( MA) sur le sud de la capitale ( Carrefpiur-Feuilles).

La pluviométrie sur notre région est liée aux différences de pression existant entre l’océan pacifique et l’atlantique. Lorsque celles-ci sont plus élevées sur l’atlantique les précipitations sont inférieures aux moyennes (El Nino), lorsqu’elles sont inférieures ? (La Nina ou parfois La Nada) la situation inverse se produit ou encore les pluies sont proches de la normale. Naturellement, tout n’est pas aussi simple cela va dépende aussi du type d’El Nino ou de la Nina ; sont-ils classiques (centré sur l’Est du pacifique) ou Modoki (sur le centre du pacifique), de leur intensité; Il y a aussi l’influence de l’Oscillation de l’Atlantique Nord ( NAO) ou encore le QBO, comment se comporte l’oscillation de Madden Julian ( MJO).
La deuxième décennie du 21e siècle a débuté avec deux épisodes la Nina du type Modoki faible (2010-2011) à fort 2011-12, toutefois contrairement a ce qui se passe climatologiquement lors de ses phénomènes climatiques la configuration des zones de pression sur le nord de l’atlantique et la distribution de températures sur le Nord-est du pacifique à diriger les systèmes générateurs de pluies sur ou sur prés du nord des caraïbes provoquant des fins d’hiver et des débuts de printemps anormalement humide sur notre pays ( Les SSTs élevés pour la période ont aussi favorisé cette instabilité

Après un épisode assez sec en 2013, les années 2014 – 2016 furent marqués par le retour d’El Niño sur le Pacifique hors l’enfant terrible du pacifique favorise (en conjonction avec certains des facteurs précédemment cités) des conditions propices au passage des perturbations polaires ou tempérées sur notre pays (front, Thalweg, etc.) d’où les débuts d’années mouillées sur de nombreuses régions du pays.

Ces printemps ont souvent été caractérises par la persistance de la phase négative de l’oscillation de l’atlantique Nord ( NAO- image de droit) qui dirige les perturbations vers le sud des Usa

Depuis la fin de l’été 2017, la Nina fait son retour sur le pacifique et tend à se consolider ce qui annonce généralement une longue période sèche sur la majorité du pays.

La pluviométrie est normalement déficitaire sur l’ensemble du pays de janv à mars  ( JM ) lors des épisodes La Nina

Toutefois, les températures anormalement chaudes sur l’atlantique Ouest

Le retour à un PDO neutre, la probable évolution de la Nina vers un événement Modoki

Les SSTs les plus froides sur le pacifique devraient migrer vers le centre du bassin en FMA (la Nina Modoki)

Les prévisions montrant de plus en plus une circulation méridionale sur l’Amérique du Nord et l’atlantique Ouest sembleraient indiquer une continuation d’un régime pluviométrique au-dessus de la normale sur plusieurs regiosn du pays durant la période (FMA) avec une réduction des pluies en MJ . C’est en tout cas ce que montrent les modèles climatiques comme le CFSv2, le NMME ou l’EURO.

                      Les  previsons de l’EURO fevrier/mars/avril

Mes recherches indiquent de plus que lors des saisons cyclonique hyperactive sur l’atlantique et une peu active sur le pacifique la pluviométrie était < moyenne en janvier et > aux normales en FMA comme en 1951 et 1996.


Ainsi, il est probable que nous acheminions vers une saison relativement sèche moins humide qu’à l’ordinaire sur les régions septentrionales, mais encore une fois au-dessus de la moyenne sur l’Ouest, le Sud-est, le Bas Artibonite et une partie de Centre. Les températures élevées sur Atlantique, le blocage présent sur l’atlantique nord en période de faible activité solaire (le cas actuellement) devraient faire pencher la balance du côté d’un printemps un peu plus mouillé que la normale.

Le secteur agricole devrait particulièrement prêter attention à ces prévisions après les catastrophes annoncées, mais non prise en compte de 2014 et de 2015. Une meilleure compréhension et utilisation de l’information météorologique devrait constituer une priorité pour ce secteur tout comme d’autre secteur comme l’eau, et la Sante par exemple.

Saison cyclonique 2018

Tout comme le régime pluviométrique, l’activité cyclonique dépend beaucoup (mais pas seulement) des conditions qui prévalent sur le pacifique particulièrement sur le Pacifique central et oriental. Les épisodes El Nino créent des conditions peu favorables et parfois carrément hostiles sur les caraïbes et l’atlantique ouest alors que les périodes ou la Nina est présente ou du moins qu’El Nino est absent peuvent générer des conditions favorables aux ouragans sur notre bassin. L’active saison cyclonique 2017, fut en grande partie liée au développement de la Nina et a des SSTs anormalement élevées sur l’atlantique ouest et les caraïbes. Ces conditions ont favorisé une baisse considérable du cisaillement sur la région inhibant le développement des perturbations tropicales. Les systèmes tropicaux ont pu ainsi bénéficier de conditions assez favorables pour se développer et s’intensifier.
Ceux qui suivent notre blog se rappelleront qu’en 2015 nous avions écrit que la période 2016-2019 pourrait être marquée par un retour de cyclones de forte intensité sur la région caribéenne et l’atlantique en général ; nous avions également précisé que cette période pourrait rivaliser en terme d’Ace avec les saisons 2000-2004. Le développement de la Nina sur le pacifique depuis la fin de l’été et son probable renforcement pourrait a nouveau créer un environnement propice a une autre saison active et probablement plus dangereuse pour îles et territoire situé a l’ouest du Ground Zero de 2017.

Saison Cyclonique 2017

Les risques pour notre territoire ?

Nous avons à maintes reprises, situé cette période dans un contexte cyclique ou souvent l’île d’Haïti est frappée par des ouragans majeurs.

-Il y a d’abord la probable transition de l’Oscillation Décennale de l’Atlantique ( AMO) en phase froide.

Vers la fin de ce cycle les plus les températures océaniques de surface ( SSTs) les plus élevées se concentrent sur l’atlantique Ouest ce qui ralentit le développement des perturbations tropicales jusqu’à ce qu’elle arrive après le 50e degré de longitude. Des cyclones se développant plus près des Antilles ont plus de chances de pénétrer la mer des Antilles et affecter notre pays.

Juste avant de basculer en phase en phase négative les SSTs les plus chaudes de l’atlantique se concentrent sur l’Ouest du bassin

-Le passage du Pacifique en phase froide

Lors de cette transition les SSTs sur le pacifique sont plus basses ce qui focalise les activités cycloniques sur l’atlantique. Une telle focalisation augmente la fréquence des ouragans sur la région et fait ainsi croître le risque pour notre île
Une combinaison PDO négative et AMO négatif est généralement une période d’activité cyclonique élevée sur notre pays

-La faiblesse de l’activité solaire

Les années 53-65, 03-10 par exemple ont vu nombre de cyclones touchés notre pays et correspondent à des périodes ou notre astre était en phase inactive.

Quel est le lien ?

Une baisse de l’activité solaire provoque une baisse de température des couches supérieures de l’atmosphère qui entraîne une plus forte instabilité (différence de températures plus élevées entre surface et couches supérieures favorables aux renforcements des cellules convectives qui constituent les ouragans naturellement si les autres conditions sont présentes ( SSTs élevée, cisaillement faible, humidité suffisante). Ces conditions sont exacerbes au-dessus des régions comme l’ouest de la mer des Antilles qui constituent une des régions le plus chaudes la planète en août et septembre.

Le nombre de taches solaires et les frappes cycloniques sur Haïti

Notre astre devrait entrer en lethargie d’ici a 2020

À plus de 6 mois de l’ouverture officielle de la saison cyclonique, il est fort difficile de prévoir avec certitude l’évolution de la saison prochaine cyclonique ; cependant l’histoire des ouragans au cours des 150 a 160 dernières années montrent que les saisons actives comme 2017 sont souvent suivis d’une autre saison aussi active sinon plus active comme 18861887,19321933,19981999, 20042005 particulièrement celles ou la Nina était présente. Naturellement, des conditions adverses pourraient survenir d’ici là et générer des conditions défavorables sur la région, mais j’en doute .

 

 

Rudolph Homere Victor
Météorologiste
AMS