Les 13, 14, et 15 novembre 1994, la tempête Gordon semait la mort et la désolation en Haïti.

Durant la première semaine de novembre 1994, la situation synoptique dans la Caraïbe fut dominée par une zone de perturbation sur le Sud-ouest de la mer des Antilles. Le passage successif de deux ondes tropicales et particulièrement de la deuxième allait favoriser la formation d’une zone de basse pression sur cette région. Cette perturbation allait donner naissance à la dépression tropicale #12 le 8 novembre près des côtes du Nicaragua. La proximité des terres, des vents peu favorables en altitude allait limiter l’intensification de la perturbation, qui atterrit sur la côte Est du Nicaragua près de Puerto Cabezas tôt dans la matinée du 8, puis poussé vers le Nord-est par un creux en altitude sur le golfe du Mexique elle prit la direction du large et devint la tempête tropicale Gordon dans la soirée après avoir regagné l’océan.

Sa circulation plutôt large, pas très bien organisée et la présence de cisaillement limitaient toute intensification supplémentaire ce qui n’empêcha pas à la tempête de frapper la Jamaïque de plein fouet le 13 novembre près de Kingston. Un peu plus tard dans la soirée, Gordon effectua un deuxième atterrissage près de Guantanamo Bay ou elle allait interagir avec une perturbation des latitudes moyennes .

Analyse de la situation synoptique sur la caraïbe et le golfe du Mexique le 13 novembre 1994, observez la très large circulation associée à Gordon (le tracé indiquant 1008)

En Jamaïque, Gordon provoqua des inondations et des rafales de 105 km/h causant des dégâts estimés à 50 millions de dollars, tandis qu’à Cuba malgré la lente vitesse de déplacement du système, les dégâts sur l’ile furent assez limités. Alors qu’en Haïti ce fut une tout autre histoire.

En effet, la circulation autour du système comme dans le cas de Sandy généra des vents du Sud-Sud-ouest vers les massifs montagneux du Sud du pays. De plus, la présence d’un creux au Nord de Cuba allait placer l’ile d’Haïti dans le cadrant favorable à la convergence avec comme résultat des pluies diluviennes qui allaient pendant plus de 4 jours tombés sur de nombreuses régions du pays particulièrement sur les régions méridionales. Ainsi aux Cayes 360 mm allaient tomber en 24 heures, 230 mm à Port au prince sur la même période, et surtout un total de 330 mm en 13 heures à Jacmel ! Inutile de vous dire que toute cette eau allait être canalisée vers les ravins et les rivières provoquant de terribles inondations sur le bas de la ville, forçant 1.500 personnes à rester dans les abris, et des centaines de personnes périrent noyées.

Gordon dans le canal de la Foride, alors que sa large circulation générait des vents humides sur Haïti.

Les pluies provoquèrent des inondations et des glissements de terrain dans tout le pays.  Environ 1,5 million de personnes ont été directement touchées, principalement à proximité de Port-au-Prince et dans la partie Sud, et plus de 89.000 personnes se sont retrouvées sans abri. À Port-au-Prince, environ 20.000 maisons ont été inondées, et le pont reliant la ville avec le Nord d’Haïti a également été affecté. Le bidonville de Cité soleil fut également noyé sous 70 cm d’eau. L’ensemble des dégâts dans le pays a été estimé à 50 millions de dollars.

Les inondations et glissements de terrain occasionnèrent le décès de nombreuses personnes en Haïti, bien que le total exact ne sera probablement jamais connu. Le 19 novembre, les autorités signalèrent 531 morts, et deux jours plus tard, le total était potentiellement aussi élevé que 2.000.

Après avoir malmené la caraïbe, Gordon continua sa route vers le Nord-ouest atteignant la Floride, puis bifurqua vers le Nord-est et les Carolines où il devint un ouragan avant de finir sa route sur l’atlantique nord dans ce que l’on appelle généralement le cimetière des cyclones.

L’ouragan Gordon au large de la Caroline du Sud

Au total, Gordon provoqua la mort de 1149 personnes et des dégâts estimés à 594 millions de dollars, malheureusement le gouvernement n’envoya pas de représentation à la réunion de l’Organisation Météorologique Mondial à la fin de l’année 1994 pour demander le retrait de ce prénom de la liste des cyclones ainsi, Gordon devrait encore figuré dans la liste de la saison 2018.

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Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

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