Saison cyclonique 2018

2005 a été une année assez spéciale sur notre bassin avec une configuration idéale sur l’atlantique, des températures océaniques ( SSTs) très au-dessus de la normale et un tripole positif sur l’atlantique c’est-a-dire chaud sur la zone tropicale, plus fraîs sur la zone subtropicale et plus chaud au nord de cette zone comme vous pouvez le notez sur la carte des températures océaniques du 11 juin  2005.

L’année 2017 fut aussi assez spéciale même si les anomalies étaient de températures oceaniques ( SSTs anomaly ) furent moins prononcées.

Toutefois, les conditions plus que favorables en altitude et la présence de la Nina contribuèrent à produire une saison hyperactive.

 

Le Cisaillement fut anormalement faible sur l’Atlantique entre le 27 août et le 25 septembre

La position de l’Anticyclone des Bermudes  dirigea Irma et Maria sur les Antilles.

En juin 2018, le scénario semble diamétralement opposer avec une distribution des SSTs inverse de celle de 2017 ou de 2005.

 

 Le tripole favorable est celui a votre droite (Warm , cool, warm) celui de gauche ne permet pas la focalisation de l’énergie sur l’atlantique tropicale et correspond a la phase négative de l’oscillation décennale de l’atlantique AMO

Ci-dessous, notez la corrélation entre les divereses phases de l’AMO (négatives AMO- en bleus, positives AMO+) et l’énergie cyclonique accumulée sur l’atlantique (ACE). Les années les plus actives correspondent généralement aux phases de l’AMO+

Ci-dessous, remarquez que les 79 années d’AMO+ ont produit 86 jours avec au moins un cyclone majeur alors que les 78 ans d’AMO- seulement 30 jours.

Non seulement la distribution des SSTs sur notre bassin est peu favorable, mais il se pourrait qu’El Nino soit de nouveau de retour sur le pacifique comme le laisse penser cette analyse des températures océaniques entre 0 et 155 mètres, ou vous pouvez noter qu’une masse d’eau anormalement chaude dans les profondeurs du pacifique commence à remonter vers le Pacifique Est.

Le North Amercian Multimodel Ensemble (NMME) simule un El Nino Modoki d’ici septembre donc au cœur de la saison cyclonique

Généralement, El Nino crée des conditions défavorables sur notre bassin en générant beaucoup de cisaillement sur la région, les ondes tropicales, qui donnent naissance a environ 60 % des cyclones tropicaux et plus de 85 % des ouragans majeurs, ne peuvent pas se développer et même les systèmes qui se sont déjà développés ont du mal à s’intensifier ou se maintenir. La situation inverse se produit lorsque la Nina est présente.

Le sommet des orages est déchiré et la chaleur latente libérée au-dessus des cyclones, qui sert à faire abaisser  la pression au coeur du système , est transportée par ces vents et ce  vaste moteur thermique que constitue un ouragan est handicapé.

Les températures océaniques anormalement basses réduisent de l’instabilité. Les SSTs sur l’Atlantique pour le  moment sont très en dessous de la normale ce qui explique en partie l’absence de pluies sur notre pays.

Cette baisse marque des SSTs est due à la pression anormalement élevée sur l’Atlantique en raison de la présence d’un puissant anticyclone.

Les SSTs sur le bassin l’Atlantique tropicale

Ci-dessous, les courbes correspondent à l’évolution des SSTs au cours des mois de l’année et aux types de saisons qui s’en suivirent ; de très actives >153 ACE à en dessous de la moyenne < 66 ACE et pour le moment si ces valeurs actuelles persistent notre saison pourrait être très au-dessous des normales (2018 en pointillé bleu au bas).

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Les SSTs actuellement n’ont jamais été aussi froides depuis 1982 (2018 occupe la 2e place). Les autres années qui suivent ce classement sont :

1986

1989

1991

1994

Toutes des années ou peu de cyclones se sont formées sur l’Atlantique tropical exception faite de 1989.

Cette tendance va-t-elle se poursuive? Où assistera-t-on à un renversement? Il est difficile de le dire, mais pour les années en question seule 1989 a réussi à inverser la tendance, mais il faut tout de même rappeler que ces années se trouvaient durant la phase froide de l’AMO- ou l’état de base de notre océan était froid. Techniquement, nous sommes encore en phase AMO+ donc un renversement a peut-être plus de chance de se produire. En général, la tendance observée en avril se renouvelle en juillet comme vous pouvez le constater sur ce graphe ci-dessous.

La saison 1989, a produit une monstre de categorie 5, Hugo.

Cela se reproduira-t-il en 2018? L’atlantique réussira-t-il à inverser la tendance? Le risque cyclonique diminuera-t-il sur notre pays?

Il est impossible de répondre avec précision a ces questions toutefois, mes craintes exprimées en 2013 persistent et pour plusieurs raisons.

Ensuite parce que nous n’avons pas encore rempli atteint notre ” quota cyclonique”. En effet, historiquement la fréquence des frappes cyclonique est beaucoup élevée vers la fin de l’AMO+ période ou nous nous trouvons  a l’heure actuelle. Les périodes précédentes ont duré entre 30 et 45 ans, mais celles-là semblerait être plus courtes au vu de la répartition des SSTs dernières années (2013, 2014) ce qui tendrait a confirmer la théorie de défunt Bill gray qui avait prédit la fin  de ce cycle AMO+ en 2020. Lors de la dernière phase AMO+ nous avons été touchés 11 cyclones dont 8  au cours des 24 dernières années  de l’ensemble du cycle (1925-1966) ; lors de la phase + entre 1851et 1899,  8 au cours des 24 dernières années également. Pour le cycle actuel qui semblerait tirer a sa fin seulement 4 ouragans ont affecte notre pays de quoi faire frémir vu que les choses n’ont pas beaucoup change depuis Matthew.

 

                                1925 – 1967

Autre sujet d’inquiétude, le cycle solaire actuel qui tire a sa fin est généralement une période favorable aux frappes sur Haïti, lors des fins de cycle 18, 19, 22, 23 plusieurs perturbations de diverses intensités causèrent de graves problèmes a notre pays particulièrement lorsque ces fins de cycle coïncidaient a la phase positive de l’AMO+ (1962-68)

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La combinaison PDO+ et AMO- représente aussi une des périodes les plus risques pour notre pays. Le PDO est également une oscillation océanique, mais sur le Pacifique et ces phases ont d’importantes conséquences sur le climat planétaire. Ce n’est sûrement pas un hasard si les périodes 1954-1965, 2003-2012 marquées par une combinaison PDO-et AMO+ aient été marqué par le passage de plusieurs perturbations sur ou près d’Haïti. Et la combinaison mortelle semble donc être :

Fin de cycle solaire / PDO- et fin d’AMO+

l’indice du PDO est négatif en ce moment et nous sommes probablement entre dans ce cycle.

 

Finalement, le cas de nos voisins dominicain, en effet, ce pays a été affecté pour la dernière fois par un ouragan > catégorie 1 en 1998 soit plus de 20 ans ce qui est très rare ; en faite cela n’est arrivé qu’une fois en cours des 100+ dernières années (entre 1932 et 1955) soit 22 ans ! Quel rapport avec nous ? Nous sommes sur la même île et beaucoup de cyclones qui touchent la RD affectent aussi  Haïti ( Inez, David, Emily, Georges, etc.)

 

 

Je ne veux alarmer personne, mais plutôt  vous donner une idée des risques encourue par  notre pays en cette période (2018 – 2030). Les prévisions indiquent une année normale ou juste au-dessus de la normale, mais pour notre pays cela ne veut pas dire grand-chose sauf si un El Nino classique se développait pour l’été. Toutefois, je doute que ce sera le cas. La configuration actuelle peu favorable a une saison active ne va probablement pas rester statique d’ailleurs depuis une semaine les anomalies sur l’atlantique commencent a évolué. Cette tendance se poursuivra-t-elle ?

 

Je n’en sais rien, mais les années dites hyperactives présenteraient moins de risques pour Haïti en se basant sur l’histoire des cyclones sur la région alors que celles qui sont juste un peu au-dessus se sont révélées beaucoup plus dangereuses. Seulement 3 frappes sur les 12 dernières hyperactives alors que la moyenne est beaucoup plus élevée pour les années un peu au-dessus (6/9).

 

 

 

 

Bonne saison cyclonique à  tous!

 

 

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Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

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