La fréquence, l’intensité et les vitesses de translation des ouragans observées au cours des deux dernières décennies seraient-elles liées aux changements climatiques?

Il existe depuis une bonne dizaine d’années, une tendance dans la grande presse internationale (ou locale) à attribuer n’importe quel phénomène météorologique ou climatique extrême au “réchauffement de la planète”. S’il fait chaud, on accuse le dérèglement climatique; lorsqu’il fait froid, il s’agit juste du temps. Quant aux cyclones, s’ils restent aux larges, on n’en parle pas, mais lorsque survient un impact; a fortiori s’il s’agit d’un cyclone majeur,les dérèglements climatiques sont pointés du doigt. Entre 2008 et 2015, aucun ouragan de catégorie 5 ne s’est formé sur l’Atlantique, mais lorsqu’en 2017 Maria et Irma dévastèrent les Caraïbes, le CO2 fut mis en cause. On l’accuse d’augmenter la fréquence des ouragans ou leur intensité, de provoquer des précipitations plus importantes en ralentissant leur vitesse de translation (Harvey, Florence) ou encore d’incurver leurs trajectoires un peu plus vers le Nord. Les observations supportent-elles de telles affirmations ?  Existerait-il plutôt, d’autres facteurs naturels régulant l’activité cyclonique sur notre bassin où sur l’ensemble du Globe ?

Le candidat idéal

Pour répondre à ces questions, nous allons considérer un ensemble de facteurs comme l’influence des cycles océaniques (AMO, PDO), les effets d’ENSO, et comparer l’activité des années antérieures à celle de la période actuelle.  Nous tiendrons surtout compte des frappes directes (Landfall) en considérant des régions ou les observations prouvant une augmentation tant de la fréquence, de l’intensité ou de tout autre facteur qui serait lié à l’activité cyclonique, aurait la plus forte probabilité d’être détecté. Une région comme la Caraïbe ne ferait pas un bon candidat, puisqu’en période d’El Niňo, elle est relativement protégée; de même qu’une vaste partie de l’Amérique Centrale. La taille des iles également ainsi que le manque de données de qualité en ce qui a trait à des paramètres comme la vitesse des vents, pluviométrie, etc jouent en défaveur de tel choix. Le meilleur candidat est sans nul doute les États-Unis d’Amérique, qui avec ses 3 800 miles de côtes (2 069 pour la côte atlantique et 1 631 pour les côtes du Golfe du Mexique), subit des frappes cycloniques, peu importe le cycle océanique ou la phase d’Enso. De plus, il y existe une riche base de données sur les ouragans.

Les ôotes Est et Sud des États-Unis en ont un candidat idéal

La tendance linéaire à long terme du nombre et de l’intensité de l’activité des ouragans dans le monde est restée stable. L’activité cyclonique varie d’une année à l’autre et sur de plus longues périodes, en raison principalement des cycles océaniques à court terme tel qu’El Niňo / la Niňa et les cycles multi décennaux dans les régimes de température de l’océan Pacifique (PDO), et Atlantique (AMO) qui module l’activité des ouragans sur les différents bassins cycloniques et favorisant certains au détriment d’autres (l’Est du pacifique est actif alors que l’atlantique est généralement calme durant El Niňo). Des données crédibles permettent de vérifier ces affirmations,
surtout grâce à un système de détection au-dessus des océans, bien plus efficace  qu’avant les années 1960 où de nombreuses tempêtes et ouragans à de faibles intensité et surtout de courtes durées n’auraient pas été détecté.

La fréquence des ouragans depuis 1980
Courtoisie Dr. Ryan N. Maue

L’énergie cyclonique accumulée sur le globe et l’hémisphère nord depuis 1970
Dr. Ryan N. Maue
La fréquence des tempêtes tropicales et des cyclones sur le globe depuis 1970
Dr. Ryan N. Maue

Les impacts directs ont-ils augmenté ?

En effet,  avant la décade 1960-1970 il n’y avait pas de satellites, les vols de reconnaissance n’étaient pas réguliers, les radars n’existaient pas encore, pas de bouées, ni de stations météorologiques automatisées. Le nombre d’ouragans affectant directement les terres (atterrissage ou Landfall en anglais) quant à lui est beaucoup plus fiable. Les archives montrent que le nombre d’ouragans mineurs et/ou de grandes envergures aux États-Unis a diminué depuis la fin du XIXe siècle.

Cependant, la fréquence de ces frappes sur les États-Unis a considérablement varié avec le temps, les saisons très actives succédant de longues périodes d’accalmies pendant lesquelles la population oublie les leçons des tempêtes passées et les risques achats immobiliers de s’installer dans des zones vulnérables. Les régions ciblées varient également, par exemple, la période de 1926 à 1935 fut très active dans la région du Golfe. Après des décennies de calme sur la côte Est, il y a eu 8 tempêtes dévastatrices majeures  de 1938 à 1960, puis une accalmie de 25 ans jusqu’à ce que Gloria (1985) puis Hugo (1989) marquent le début d’une autre ère active.

Durant la fin du 20e siècle, Isabel en 2003, Charley, Frances, Ivan et Jeanne en 2004, Dennis, Katrina, Rita et Wilma en 2005 ont tous touché les côtes des États-Unis. 2005 détient le record avec 5 ouragans de catégorie 4 et 4 de catégorie 5. À l’époque, certains experts comme le professeur Emeritus Kerry Emanuel du MIT avaient émis l’hypothèse que c’était désormais la nouvelle norme pour l’Atlantique en raison du changement climatique. Toutefois, après l’extrême saison 2005 et avant l’arrivée de deux tempêtes majeures aux États-Unis en 2017, 4 324 jours (un peu moins de 12 ans) s’écoulèrent sans qu’aucun  impact de cyclone majeur, dépassant ainsi l’accalmie record de 8 ans enregistré durant la décennie 1860-1870 !

Harvey en 2017 a été ainsi le premier ouragan à avoir touché terre au Texas depuis Ike en 2008, et le premier ouragan de catégorie 4 au Texas depuis l’ouragan Carla en 1961 ! À noter qu’il n’y a eu aucune augmentation de la fréquence des impacts au Texas, que ce soit des cyclones mineurs ou majeurs. En 2017, Irma a été le premier ouragan majeur et le seul ouragan à atterrir en Floride depuis Wilma en 2005 après une accalmie record de 4 439 jours. Le précédent record d’après les archives, qui remonte à 1851, était de 2 191 jours entre 1979 et 1985.

En 2018, Michael dont les vents maximums ont causé des dommages importants sur une partie du péninsule du Nord-ouest de la Floride en 2018, avait la 20e pression minimale enregistrée pour une tempête sur l’Atlantique et la troisième pour les ouragans atterrissant sur les USA juste derrière le Labor Day hurricane en 1935 et l’ouragan Camille en 1969.

En résumé, il ne s’est rien produit d’exceptionnel ni d’inédit durant les dernières saisons ou les derniers ouragans. Les saisons actives de 2004 et 2005 et 2017 ont été similaires à celles de 1893, 1926, 1933, 1950 et 1995. En 1893, il y eut 5 ouragans majeurs dont deux d’entre eux provoquèrent plus de 2 000 morts, faisant de cette année la plus meurtrière de l’époque. 7 ans plus tard, en 1900, The Great Galveston causa la mort de près de 6 à 12 000 personnes, ce qui en fait le cyclone le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis.

Les intenses ouragans  tels que Maria en 2017, qui dévasta plusieurs îles des Caraïbes, ne sont pas uniques. Le grand ouragan de 1780 a tué 27 500 personnes lors de son passage sur les îles des Caraïbes avec des vents estimés à plus de 200 MPH (~322 km/h). Il fut l’un des trois ouragans de cette année qui causèrent plus de 1 000 morts.

Les ouragans ralentiraient-ils leur vitesse de translation en raison du réchauffement de la planète ?

Les fortes pluies associées aux mouvements lents des Harvey et Florence ont amené certains ‘’experts’’  du climat à affirmer que ces vitesses de translation plus lentes étaient liées au changement climatique. En effet, Selon la NOAA, la vitesse des ouragans au-dessus des terres a ralenti de 17% depuis 1949, ce qui a entraîné une augmentation des précipitations.
Cependant, les données réelles de la NOAA ne montrent aucune tendance depuis 1963, après une aberration de deux ans au début des années 1960. Une analyse statistique détaillée montre qu’il n’existe aucune pente de tendance linéaire statistiquement significative sur toute la période où ces deux points du début des années 1960 sont pris en compte.

Vitesse de translation des cyclones tropicaux depuis 1949

La dernière analyse (2018) du gouvernement américain des 36 catastrophes les plus coûteuses de l’histoire américaine a montré que l’augmentation des dommages est principalement due à la densité croissante de la population et à la vulnérabilité des infrastructures, et non à l’intensité des tempêtes.

Le Docteur Chris Landsea (NOAA) a indiqué en 2011 «qu’il n’y a pas une tendance à la hausse spectaculaire des dégâts causés par les ouragans, les destructions causées par ces tempêtes varient d’une décennie à l’autre, avec davantage de dégâts au début des années 1900, faibles entre la fin des années 1900 et le début des années 1920,  des destructions beaucoup plus importantes vers la fin des années 20 au début des années 60 et une réduction des dommages entre la fin des années 60 et le début des années 90. Certes, les dégâts causés par les violents cyclones de 1996 à 2005 étaient assez élevés, mais il est maintenant évident qu’ils étaient assez similaires à ceux de la décennie 1926-1935. Ainsi, après avoir examiné sans détour les facteurs non météorologiques de l’inflation, l’augmentation de la richesse, de la population, rien n’indique qu’il y ait eu une reprise à long terme des pertes causées par les cyclones  aux États-Unis qui pourraient être liés au réchauffement de la planète de nos jours. Aucune étude publiée dans des revues scientifiques de renom ne réfute cela » . À l’évidence, il n’y a aucune preuve d’une augmentation de la fréquence des ouragans ni de leur intensité.

La fréquence et l’intensité actuelle des ouragans seraient elles  sans précédent.

Là encore rien de bien nouveau, de grands ouragans touchèrent les États-Unis durant la période coloniale, particulièrement le Nord-est avec des ondes de tempête atteignant 20 pieds en 1635 et 1675. Une tempête semblable à Katrina atteignit la Louisiane en 1722 avec des inondations et des dégâts importants. La tempête de Chesapeake en 1769, comme Isabel en 2003, provoquèrent de graves inondations en Caroline du Nord et en Virginie. Dans les Caraïbes, le grand ouragan de 1780 a ravagé les îles des Caraïbes orientales avec des vents estimés à plus de 200 MPH.

Entre 1851 et 1910, 5 années ont générés au moins 10 cyclones

La fin des années 1880 et 1890 fut également très active. Haïti par exemple, fut touché 6 fois durant cette période, dont  2 cyclones en juillet 1899 et août 1899.

Plusieurs frappes cyclonique sur Haïti entre 1880 et 1900

La saison 1893 a produit au moins 10 ouragans (impossible d’être sûr, car il n’y avait pas de satellite ni de vols de reconnaissance à l’époque). Parmi ceux-ci, 5 sont devenus des ouragans majeurs. Deux de ces ouragans ont causé plus de deux mille (2 000) décès aux États-Unis; la saison la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis pour cette période.

Saison cyclonique 1893 Courtoisie NHC

En 1886, la saison cyclonique produisit environ 10 cyclones, dont 7 touchèrent  terre,  4 de ces ouragans atteignirent la catégorie 3  (majeur).

Saison cyclonique 1886 Courtoisie NHC

Notez que durant les saisons qui ont précédé l’ère des satellites (1960), le nombre de tempêtes sur le bassin Atlantique loin des terres n’était pas fiable, car il n’existait aucun moyen de détecter ces tempêtes au milieu de l’Atlantique.

Chris Landsea, de la NOAA, a écrit: «En comparant les deux saisons d’ouragans les plus actives jamais enregistrées 2005 et 1933, la différence entre les océans est manifeste: il y a eu plusieurs tempêtes tropicales et ouragans dans la moitié Est de l’Atlantique Nord en 2005, alors qu’en 1933 il n’y en avait pas. Donc, soit cet énorme fossé de 1933 s’est réellement produit, soit il y a eu des tempêtes tropicales et des ouragans dans la moitié Est de l’océan, mais ils n’ont pas été observés. Si l’on se limite aux tempêtes tropicales et aux ouragans en 2005, 17 des 28 tempêtes tropicales et ouragans ont touché terre. Mais en 1933, 19 des 21 tempêtes tropicales et ouragans de cette saison impactèrent une côte. Ainsi, en tenant compte des atterrissages, 1933  était plus active que 2005 et une grande partie de la tendance à la hausse observée sur le long terme est supprimée ».

En 2005, plusieurs ouragans s’étaient développés sur l’Atlantique Subtropical alors que les analyses de 1933 ne montrent pas grand-chose. Il y a de bonnes chances que des ouragans se soient formés sur cette cette région sans qu’ils soient détecter.
Courtoise Dr Chris Landsea NOAA/NHC

Landsea a examiné les tempêtes des saisons 2007 et 2008 et a pu identifier au moins 6 tempêtes tropicales faibles et de courte durée qui auraient très peu de chances d’être  “nommées” avant l’ère des satellites.

Estimations des cyclones tropicaux dont l’existence a été très courtes. Notez la forte tendance à la hausse en fin de période dû aux innovations technologiques comme les satellites, bouées, etc.

Il a émis l’hypothèse que même des ouragans majeurs sur le centre ou l’Est de l’Atlantique Nord – tels que les ouragans Fred en 2009  et Julia  en 2010 – n’auraient très probablement pas été “comptabilisés” comme des ouragans majeurs, s’il s’était formé avant 1960 (et aurait peut-être même été complètement raté compte tenu de leur emplacement).

Lorsqu’on prend en compte les ouragans non détectés par le passé, la tendance à la hausse observée disparait

L’énergie cyclonique accumulée est-elle en hausse ?

L’énergie cyclonique accumulée est un indice qui prend en compte le nombre, la durée et la force de tous les cyclones de l’année. Nous montrerons ci-dessous qu’il est possible de démontrer que le schéma réflété dans ces données provient de facteurs naturels. L’indice annuel de l’énergie cyclonique accumulée (ACE) pour l’Atlantique montre une variation cyclique avec des pics d’activités en 1893, 1926, 1933, 1950, puis à nouveau en 1995, 2004, 2005 et 2017. Notez à nouveau que ces données sous-estiment probablement les premières décennies.

L’energie cyclonique accumulée sur l’Atlantique depuis 1855
(Projet de météorologie tropicale UCO)


Les 10 saisons les plus prolifiques quant a l’énergie cyclonique accumulée.
2017 est classée en 7e position

Les ouragans majeurs

L’échelle de vent ouragan Saffir – Simpson (SSHWS), anciennement l’échelle d’ouragan Saffir – Simpson (SSHS), classe les cyclones tropicaux de l’hémisphère occidental en fonction de l’intensité de leurs vents soutenus. Les tempêtes de catégories 3, 4 et 5 sont appelées ouragans majeurs. Avant 2010, la pression centrale et le vent avaient été utilisés pour classer les ouragans. Il existe desormais une nouvelle échelle qui prend en compte également le niveau des marées de tempête accompagnant ces perturbations la SSHS

Ancienne échelle de Saphir Simpson (SSHWS)
Cette nouvelle échelle prend en compte le pouvoir destructif des marées de tempêtes

Une Période active de 2003- 2005 et les saisons 2017-2018

Isabel en 2003, Charley, Frances, Ivan et Jeanne en 2004 et Dennis, Katrina, Rita et Wilma en 2005 ont tous touché les côtes des États-Unis. Emily en 2005 fut un autre ouragan majeur, mais s’est dirigé vers l’Ouest avant de frapper le Mexique.

2005 détient le record de 5 atterrissages de catégorie 4 ou plus et de 4 cyclones de catégorie 5. Cependant, comme indiqué ci-dessous, après cette active saison et avant les frappes de deux ouragans majeurs aux États-Unis en 2017, il s’étaient écoulés 4 324 jours (un peu moins de 12 ans) sans un impact majeur, la plus longue de ce type depuis les années 1860.

Les atterrissages d’ouragans majeurs aux USA

En fait, le nombre d’ouragans et d’ouragans de grande envergure aux États-Unis a diminué depuis la fin du XIXe siècle, par décennie et par an.


 Source: Dr Roy Spencer

La fameuse saison 2017

La saison des ouragans 2017 a débuté très tôt avec Arlène en avril, mais les choses sérieuses ont été retardées jusqu’à la dernière semaine d’août, lorsque l’ouragan Harvey inonda le Texas et la Louisiane.

Harvey

Harvey a été le premier ouragan à avoir touché terre au Texas depuis Ike en 2008 et le premier ouragan de catégorie 4 au Texas depuis l’ouragan Carla en 1961. En ce qui concerne les pluies les plus fortes, le Texas constitue souvent le lieu où les tempêtes tropicales viennent souvent mourir, déversant au passage des milliards de tonnes d’eau pendant plusieurs jours. Cet état a en effet enregistré 6 des 10 plus importants totaux de pluies associées à des systèmes tropicaux avant 2017.

Les atterrissages des ouragans par décades aux USA (rouge catégorie 3, bleu catégorie mineure)

Harvey erra pendant plusieurs jours sur le Texas en s’appuyant sur un afflux constant d’humidité en provenance du Golfe. La région de Houston enregistra entre 30 et 45 pouces, mais un seul des 154 pluviomètres du comté de Harris enregistra plus de 50 pouces et un autre plus à l’Est 60 pouces, battant le record de 48 pouces d’Amelia en 1978.

Les records de pluviométrie des cyclones tropicaux sur les États-Unis

Dans son blog, Cliff Mass, de l’Université de Washington, a soigneusement analysé les effets possibles du «réchauffement de la planète» sur l’ouragan Harvey. Sur la base des données, il a conclu que “les résultats sont clairs: le réchauffement climatique induit par l’homme n’a pas grand-chose à voir avec cette catastrophe … Il n’existe aucune preuve que le réchauffement climatique ait une influence à long terme sur les précipitations côtières au Texas et peu de preuves que les températures plus élevées que la normale sur le Nord-ouest du golfe du Mexique aient eu un impact réel sur l’intensité des précipitations de cette tempête… »

Ce qu’il faut retenir  de cette analyse est que les observations des décennies passées et les modèles tournés vers le futur ne suggèrent pas que l’on puisse expliquer les fortes pluies d’Harvey par le réchauffement climatique et les gens qui l’affirment  informent mal le public et les décideurs. “

Irma

Irma en 2017, fut la 11e tempête atlantique la plus forte jamais enregistrée (en terme de pression centrale). Elle a eu des impacts majeurs sur des îles comme Barbuda et St Martin, les îles Vierges, les îles Turques et Caïques et le Sud des Bahamas. Puis, après avoir traversé le Nord de Cuba, elle incurva sa trajectoire vers la Floride. Il s’agissait du premier ouragan a touché la Floride depuis Wilma en 2005 après une accalmie record de 4 439 jours (record précédent était de 2 191 jours entre 1979 et 1985).

Irma sur le Nord-est des Antilles

Maria

Maria a été le troisième ouragan majeur en 2017. Il a traversé le Nord des îles Sous-le-Vent et Porto Rico, causant des dégâts catastrophiques sur  ‘île. En terme d’intensité, Maria avait la 9e pression la plus basse jamais enregistrée dans le bassin atlantique et Irma la 11e. En comparaison, durant la saison 2005, Katrina, Rita et Wilma, enregistrèrent une pression inférieure à celle de tous les cyclones en 2017.

Maria juste après son passage sur l’ile de la Dominique
Les plus intenses ouragans de l’Atlantique

Nate

L’ouragan Nate a failli provoquer un nouveau scénario à la Katrina à la Nouvelle-Orléans, mais a toutefois provoqué des dégâts considérables dûs aux ondes de tempête sur le Sud-est de la Louisiane, du Mississippi, de l’Alabama et du Nord-ouest de la Floride.

Les températures océaniques et les régimes de pressions atmosphériques

La fréquence et l’intensité des tempêtes tropicales sont en fonction de la température de l’océan et des régimes de pression. L’Atlantique Nord, comme le Pacifique, subit des changements pluriannuels de la température de l’océan et des régimes de pression. On sait depuis longtemps que lorsque l’Atlantique est dans sa phase positive de son Oscillation Multidécennale (AMO+), les tempêtes se multiplient. Depuis 1995, année du début de la phase chaude actuelle, le bassin atlantique a enregistré en moyenne 14,6 tempêtes nommées par an, soit plus de 5 de plus que la moyenne à long terme de 1851-2017.

Voir ci-dessous l’ajustement serrer de l’AMO, le nombre de tempêtes de l’Atlantique.

Les températures sur l’Atlantique et nombre des cyclones tropicaux par années

Valable pour l’ile d’Haïti également

Durant les phases positive de l’AMO le nombre de cyclones sur Haïti augmente considérablement et vice versa

El Niňo et La Niňa affectent également la trajectoire des ouragans

El Niňo et La Niňa sont des facteurs importants qui influent sur la fréquence des atterrissages des ouragans aux États-Unis. Quand El Niño se développe, beaucoup plus de tempêtes se forment dans le Pacifique oriental et central, menaçant le Mexique, Hawaï et parfois sous des formes affaiblies, l’Arizona et  la Californie.

Ces phénomènes océaniques renforcent les vents en altitude sur l’atlantique, générateur du cisaillement qui perturbe les tempêtes en développement, les affaiblissant et/ou les forcent à remonter sans danger vers l’Atlantique Nord. Des tempêtes peuvent encore se développer près des côtes où l’eau est chaude comme dans le golfe et au-dessus du Gulf Stream .

Voir la figure ci-dessous.

Image reproduite avec l’aimable autorisation de climate.gov d’après les originaux de Gerry Bell


Lorsque La Niňa se développe, il y a généralement moins de tempêtes dans l’Est du Pacifique et moins de cisaillement pour perturber les tempêtes de l’Atlantique.

Image reproduite avec l’aimable autorisation de climate.gov d’après les originaux de Gerry Bell

Pendant les phases positives de l’AMO, la situation s’inverse, car les tempêtes peuvent traverser l’ensemble du bassin et bénéficient de plus de temps pour se transformer en ouragans majeurs. Même les côtes orientales des USA sont plus vulnérables aux ouragans lorsque l’Atlantique est chaud. Les États-Unis ont connu 8 ouragans de catégorie 3+ sur la côte Atlantique de 1938 à 1960 et 9 de 1988 à 2012 – période durant laquelle l’AMO était en phase positive.

Les atterrissages sur les États-Unis durant les diverses phases de l’AMO
Sur Haïti également les frappes directes sont plus nombreuses en périodes où l’AMO est positif

Les derniers épisodes d’importance de La Niňa se sont déroulés de 2010/11 à 2011/12. Les États-Unis ont évité un ouragan majeur durant cette période, car Irène en 2011 était juste une tempête tropicale, alors que Sandy en 2012 fut rétrogradée en cyclone post-tropical juste avant de toucher le sol américain. Ces perturbations ont provoqué toutefois des inondations massives (à cause des pluies d’Irène dans le Nord de l’État de New York et du Vermont et de la puissante marée de tempête de Sandy à New York et au New Jersey).

En 2017, l’Atlantique était en phase chaude, une tentative d’El Niňo échoua au printemps et des conditions analogues à La Niňa se développèrent à la fin de l’été. Si El Niňo avait réussi à se développer, les États-Unis auraient peut-être connu Harvey, qui s’est développé près de la côte du Texas, et Nate, qui a pris naissance au-dessus de l’eau chaude des Caraïbes occidentales, mais peut-être qu’Irma et Maria auraient été affaiblies ou déviées. Mais avec le développement de La Niňa, l’absence de cisaillement et la présence d’eau chaude dans l’Atlantique, les grandes cyclones firent leur retour, comme en 2004 et 2005.

Ainsi, une année comme 2017 ou des années comme 2004/2005 montrent comment que la mère nature génère quand elle le veut bien, des conditions favorables aux développements de cyclones majeurs qui affectent les côtes des USA, tout comme la soit disant période de sécheresse permanente (de près de 12 ans) sur le Texas et la Californie qui s’est terminée sur des années humides, record au cours de cette décennie.

Les ouragans de 2017 auraient été de taille massive et sont restés intenses pendant une très longue période, alimentés par le réchauffement induit par le CO2

Le super typhon du Pacifique Tip, en 1979, détient le record de taille (diamètre de 1 380 milles), de puissance  190 mi / h) et de pression minimale (870 Mb). Comparez cette tempête avec Harvey et Irma.

Comparaison entre la taille des deux plus intenses ouragans de 2017 et de TIP le plus large typhon de l’histoire (connue)

Remarque: Ces images reflètent uniquement la taille relative de ces cyclones.

Comme discuté ci-dessus, ces tempêtes ont maintenu leur intensité pendant longtemps, aidé par l’AMO positive et le développement de La Niňa. Le cisaillement du vent (Shear), qui a tenu les tempêtes à distance en 2014-2016, était egalement absent.

Le faible cisaillement (teintes pâles sur la 4e image) sur les caraïbes a favorisé les fortes intensités des ouragans de 2017

Ces tempêtes ont réussi à naviguer entre les îles et à éviter les îles montagneuses comme Haïti, qui perturbent ou même détruisent de nombreux ouragans. Les segments violets (catégorie 5) le long des trajectoires montrent que les tempêtes les plus fortes se sont produites dans cet environnement favorable.

En 2018, l’AMO est entré dans une phase de refroidissement. Cependant, l’eau chaude résiduelle dans l’Atlantique Ouest a permis a deux cyclones de forte intensité de se développer durant une saison qui fut plus calme que celle de 2017.

LA SAISON 2018

Les régions tropicales de l’Atlantique tropical qui était très chaude en 2017 se sont refroidies en 2018. Les températures océaniques (SSTs) sont restées toutefois anormalement chaudes sur le Nord-ouest du bassin (et à la fin de l’été sur le Golfe et les Caraïbes). Une telle configuration fit diminuer le risque de cyclone de forte intensité en provenance de l’Atlantique centrale Est, mais n’a pas fait diminuer les problèmes avec des systèmes se formant près des côtes.

La configuration était beaucoup moins favorable en 2018 avec des eaux plus froides sur l’Atlantique tropicale et plus chaudes au Nord, ce qui n’a pas favorisé la focalisation de l’énergie

Après l’atterrissage de la tempête subtropicale Alberto sur le Nord-ouest de la Floride fin mai, le mois de juin fut calme. Deux tempêtes atteignirent toutes deux brièvement la force d’un ouragan en juillet dans l’Atlantique, avant de se dissiper.

L’activité au mois d’août fut inférieure à la moyenne dans le bassin atlantique, avec seulement deux tempêtes tropicales de faible intensité, qui se sont développées à une latitude élevée et une dépression tropicale. Climatologiquement,  trois tempêtes nommées se forment généralement dans le bassin en août, dont une ou deux se transforment  en cyclone mineur et 1 en ouragan majeur. Ce fut le premier mois d’août depuis 1997 où aucune tempête tropicale ne prit naissance sur le bassin atlantique au Sud de 30N.

En septembre, le mois le plus actif de la saison sur l’Atlantique, 5 tempêtes furent nommées alors que des conditions plus favorables se développaient. Deux sont devenus des ouragans, dont une, Florence se transforma en cyclone majeur puis frappa le Sud-est des États-Unis après s’être considérablement affaiblit.

Florence conserva son statut d’ouragan majeur pendant près de 4 jours avant de s’affaiblir (au-dessus des eaux pourtant chaude du Gulf Stream) et toucha la Caroline du Nord avec la force de catégorie 1. L’impact le plus important en dehors de la marée de tempête de 9 à 11 pieds fut les précipitations excessives qui entraînèrent de graves inondations.

Précipitations accumulées observées du 14 au 18 septembre 2018 en pouces lors du passage de Florence sur les Carolines.

Les précipitations accumulées sur plusieurs localités battirent le record des précipitations de cyclone enregistrés lors du passage de cyclone en Caroline du Nord comme ces 35,93 pouces près d’Elizabethtown, en Caroline du Nord. Le record précédent était à 24,06 pouces lors de l’ouragan Floyd en 1999.

Florence établit un record préliminaire de précipitations de cyclones tropicaux en Caroline du Sud. Cheraw a signalé un total de 23,68 pouces de pluie. Le record précédent était de 18,51 pouces lors de la tempête tropicale Jerry en 1995.

Les pluies ont été extrêmes, car la tempête s’est déplacée vers l’intérieur des terres et a erré pendant quelques jours, bloqués par des cellules de hautes pressions, alors que l’humidité continuait d’alimenter les bandes pluvieuses autour du centre de basse pression, un peu comme avec Harvey au Texas en 2017.

Florence bloquée par des cellules de hautes pressions entre le 13 et le 19 septembre 2018
Courtoisie ESRL NOAA
Les records de précipitations associes aux cyclones tropicaux par État entre 1950 et 2018

Florence est comparée aux tempêtes comme Hazel en 1954, Hugo en 1989, Floyd en 1999 et Isabel en 2003. Ces ouragans ont généré des vents beaucoup plus forts et de plus importantes marées de tempête, mais ils sont toutefois bénéficié lors de leur atterrissage sur les États-Unis d’un flux directionnel plus rapide, ce qui a réduit la durée des effets en terme d’heures et non de jours.

En octobre 2018, Michael s’est développé sur l’Ouest de la mer des Antilles, là où le contenu calorifique de l’océan était le plus élevé.

L’Ouest de la mer des Antilles était riche en énergie en octobre 2018
Courtoisie Weatherbell

Michael était une tempête classique de fin de saison et bénéficiait d’un flux très favorable à son intensification et à un atterrissage dans l’Est du golfe. Michael avait une pression de 919 MB a son atterrissage, la 20e pression la plus basse pour une tempête en Atlantique et la troisième pression la plus faible pour depuis le Labor Day hurricane  de 1935 et Camille en 1969.

Les cyclones les plus importants du bassin Atlantique en tenant compte de la pression centrale.

Comme indiqué ci-dessous, le Dr Roy Spencer a montré que les tendances linéaires de la fréquence et de l’intensité des ouragans en Floride avaient été uniformes depuis 1900.

La vitesse maximum des vents des ouragans lors de leur atterrissage sur les USA entre 1900 et 2018
Courtoisie Dr Roy Spencer

M. Spencer a montré que, contrairement à ce que l’on pense généralement, le nombre d’ouragans majeurs qui a touché terre aux États-Unis a diminué en moyenne de plus de 50% depuis les années 1930.

Les atterrissages de cyclones majeurs ont diminué d’environ 50+ depuis les années 30
Courtoisie Dr Roy Spencer

La dernière analyse (2018) du gouvernement américain des 36 catastrophes les plus coûteuses de l’histoire américaine montre que les dommages croissants sont dûs à la densité de population et à la vulnérabilité des infrastructures, et non à l’intensité des tempêtes.

Ainsi, l’augmentation constatée au cours des années ne serait pas dûe à l’intensité des ouragans mais au nombre croissants d’infrastructures non adaptée près des côtes surtout.
Courtoisie Dr Roy Spencer


Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (en anglais Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC) dans son rapport scientifique ( AR5) lui aussi admet qu’il n’y a aucune preuve d’une augmentation de la fréquence ou de l’intensité de ces perturbations tropicales.

Aucune augmentation de la fréquence ou de l’intensité des cyclones tropicaux au cours du derniers siècle.


Enfin, il convient de noter à nouveau que l’Atlantique semble être en transition vers sa passe froide (AMO-) avec des eaux plus froides dans les régions subtropicales et l’Atlantique Nord après avoir été plus chaudes à ces endroits durant la majorité des années 1995 à 2017. Un tel refroidissement affecterait l’activité des ouragans (par exemple, la diminution de l’activité globale dans l’Est des États-Unis) ainsi que les températures globales (par exemple, un refroidissement plus important) et le volume des glaces de l’arctique (par exemple, leur croissance, y compris en été).

Enso: ENSO est un acronyme composé à partir des termes El Niño et Southern Oscillation «Oscillation Australe ». C’est un phénomène climatique et océanographique reliant le phénomène climatique El Niño et l’Oscillation Australe de la pression atmosphérique.

AMO: L’Oscillation Atlantique Multidécennale ou OAM (en anglais, Atlantic Multidecadal Oscillation ou AMO) est une variation de la température de surface de la mer qui s’étend sur plusieurs décennies, de 40 à 80 ans1,2, observée dans le Nord de l’Océan Atlantique en soustrayant la variation linéaire due au réchauffement climatique. Ce mode de variabilité expliquerait jusqu’à 40% de la variance de la température de surface moyennée annuellement dans l’océan Atlantique Nord 3. L’indice OAM défini comme la moyenne glissante sur 10 ans de la température de surface dans l’Atlantique Nord (à partir de l’équateur) montre que cette moyenne était plus froide durant les périodes 1900-1920 et 1970-1990 et plus chaude sur la période 1940-19604.

PDO : L’Oscillation Décennale du Pacifique (ODP) (en anglais Pacific Decadal Oscillation (PDO) est une variation de la température de surface de la mer dans le bassin de l’océan Pacifique ui déplace la trajectoire des systèmes météorologiques de manière cyclique sur une période de plusieurs décennies, habituellement de 20 à 30 ans. L’ODP est repérée par le déplacement d’une large zone chaude ou froide, de la température de surface de la mer au Nord de 20° N.

CISAILLEMENT : Le cisaillement du vent est une différence de la vitesse ou de la direction du vent entre deux points suffisamment proches de l’atmosphère. Selon que les deux points de référence sont à des altitudes différentes ou à des coordonnées géographiques différentes, le cisaillement est dit vertical ou horizontal.

GULF STREAM : Le Gulf Stream est un courant océanique transportant de l’eau chaude depuis une zone comprise entre la Floride et les Bahamas (température comprise entre 24 et 28 °C) et en direction des plus hautes latitudes. De nombreux tourbillons océaniques s’en détachent en ours de route.

ENERGIE CYCLONIQUE ACCUMULEE (ACE): L’Energie Cumulative des Cyclones Tropicaux (en anglais Accumulated Cyclone Energy ou ACE) est la quantité d’énergie globale d’un ou de plusieurs cyclones estimée à partir de la vitesse maximale des vents pour chaque période de six heures. Selon sa définition, elle n’est calculée qu’à partir du moment où le système atteint le niveau de tempête tropicale et ne tient donc pas compte des dépressions tropicales plus faibles et souvent de courte durée de vie. Cette quantité est un index de mesure utilisée par le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis pour quantifier l’énergie des cyclones tropicaux comme les ouragans et les typhons. L’indice total d’un cyclone ou de tous les systèmes tropicaux d’une saison dans un bassin océanique peut ainsi être évalué et comparé à d’autres cyclones ou saisons1.

GIEC : Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec, ou IPCC en anglais) est un organisme intergouvernemental et scientifique ayant pour mission d’évaluer le changement climatique, ses effets potentiels sur l’environnement et la société, ainsi que les solutions envisageables pour y remédier.

Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

Mr Météo.info tous droits réservés avril 2019


Saison cyclonique 2017, à quoi faut-il s’attendre au cours des prochaines semaines ?

La saison cyclonique en cours restera gravée dans la mémoire collective des habitants de la région et dans les livres des compagnies d’assurance. Les derniers ouragans ont en effet infligés de graves dommages aux régions comme le Texas, les îles aux vents et Sous-le-Vent et certaines grandes Antilles comme Cuba et surtout Porto-Rico qui a été dévasté par l’ouragan Maria en milieu de semaine. En terme de statistique, 2017 restera une année extraordinaire avec huit ouragans à date ; elle rentre dans le cercle très fermé des deux seules saisons à avoir produit huit ouragans consécutivement. Autre tour de force, l’énergie cyclonique accumulée ( ACE ) au 24 septembre était de 185 (au 24 /9), la 3e la plus élevée après 1933 (220) et 2004 (207), alors que le mois de septembre en cours a généré un ACE de 155 le record absolu pour tous les bassins cyclonique. Le mois de septembre a également produit le plus grand nombre de jours d’ouragan (les jours ou au moins un ouragan est présent sur l’atlantique) 17.5 jours ;  le précédent record remontait à 1961. Quels sont les facteurs à l’origine d’une telle activité ? Les changements climatiques sont-ils en cause ? Comment se présente la fin de la saison ?

Le niveau d’activité sur le bassin atlantique est lié à plusieurs facteurs, dont les températures océaniques sur notre région (plus l’atlantique est chaud, plus il devrait être favorable), la présence ou non d’El Niño sur le pacifique et l’ampleur du cisaillement sur l’atlantique et les caraïbes et enfin du comportement de l’Oscillation de Madden Julian. Avant le début de la saison, j’étais assez réservé, vu que plusieurs modèles et non des moindres simulaient un El Niño sur le bassin. Mais très vite les eaux sur le pacifique ont commencé à se refroidir sous l’influence d’alizés de plus en plus forts, qui ont provoqué de remonter d’eau froide sur le pacifique Est et le centre de cette région; pendant ce temps l’atlantique et la mer des caraïbes continuaient de se réchauffer. Ce phénomène a culminé vers les mois d’août et de septembre.

Ci-dessous une analyse des conditions existant sur atlantique en août.

 

                         L’index de la TNA

La zone désignée TNA (indexe des températures sur l’atlantique), lorsqu’il est élevé et qu’El Niño n’est pas présent, les conditions deviennent très favorables sur la région, et durant les derniers mois non seulement El Niño était absent, mais l’index de la TNA était presque aussi chaud qu’en 2005. Quand cet indexe est faible, la pression est beaucoup plus faible sur la région subtropicale (MDR, l’atlantique tropical et les caraïbes) ce qui favorise le développement des systèmes tropicaux.

  Teintes froides ( bleus) indiquent des pression anormalement basses

Les pressions élevées se sont déplacées vers le Nord et le Nord-ouest de l’atlantique avec l’anticyclone sur l’Ouest et le Nord des USA. La voie vers le Nord s’est trouvée bloquer pour les ouragans qui se sont donc dirigés vers les caraïbes et le golfe du Mexique avec les conséquences que l’on sait.

  Les couleurs vives indiquent des pressions anormalement élevées

De plus, avec le développement de la Niña sur le pacifique, le cisaillement s’est considérablement réduit sur l’atlantique, ce qui a favorisé l’éclosion d’ouragan assez puissant (Irma 185 m/h, Maria 165) et 4 ouragans majeurs.

        Les saisons ou la Niña est présente ont souvent  ACE élevée

                                    En bleu l’énergie cyclonique accumulée des saisons marquées  par la Nina

Le cisaillement était au-dessous de la normale en septembre

 

Comparaison entre les valeurs du cisaillement sur la région au cours des 3 dernières années

Cette forte activité, a été aussi rendu possible par le comportement de Madden Julian qui a créé des conditions favorables sur la région pendant pratiquement tout le mois de septembre en étant assez faible lors de phase dite peu active sur l’atlantique.

En bleu, les zones ou les conditions sont favorables

Les changements climatique ?
Cette saison bien qu’étant hyperactive suivant la définition du NHC ne dépasse pas 2005 qui détient le record d’activité avec 28 tempêtes, 15 cyclones dont 7 majeurs. 27 autres saisons ont produit 4 ouragans majeurs ou plus ; 10 constituent le record en ce qui a trait au nombre d’ouragans consécutifs et est toujours détenu par 1893, 5 autres saisons ont produit plus de jours d’ouragan majeurs que 2017 : 1893, 1926, 1933, 1961 et 2004. Autre
problème, peut-on comparer les données actuelles aux données datant d’avant 1966 ?  Non pourquoi ?

L’expert principal en cyclone tropical, Chris Landsea, de la division de la recherche sur les ouragans de la NOAA, a regroupé une liste des tempêtes de l’Atlantique en 1851. Il a déclaré:
“La base de données sur les ouragans de l’Atlantique (ou HURDAT) remonte à 1851. Cependant, comme les tempêtes tropicales et les ouragans passent une grande partie de leur vie au milieu de l’océan certains ne touchant jamais terre – de nombreux systèmes ont été «manqués» à la fin du XIXe et au début du 20e siècle Vecchi et Knutson 2008). À partir de 1944, une reconnaissance aérienne systématique a été entreprise pour surveiller à la fois les cyclones tropicaux et les perturbations susceptibles de se développer en tempêtes tropicales et en ouragans. Cela a permis d’améliorer le suivi , mais environ la moitié du bassin de l’Atlantique n’était pas couvert (Sheets, 1990). À partir de 1966, des images satellitaires quotidiennes sont devenues disponibles au National Hurricane Center, et les statistiques depuis lors sont plus complètes (McAdie et al., 2009).” Pour les ouragans qui frappent les côtes de l’Atlantique et du Golfe aux États-Unis, on peut remonter plus loin dans le temps avec des données  relativement fiables, car suffisamment de personnes vivaient le long des côtes depuis 1900.

Ainsi, des archives sont disponibles pour l’ensemble du bassin atlantique (de 1966 à 2016) et pour le littoral des États-Unis (1900-2016): L’amélioration de la surveillance a permis de découvrir  des perturbations tropicales qui ne l’auraient pas été avant 1966.

 

Si le nombre des tempêtes augmentent il est du a de meilleurs moyen de surveillance

 

Pour les ouragans majeurs le nombre n’a pas augmentées

Il est évident que de nombreux ouragans n’ont été probablement pas pu être localisés avant 1900 et même avant 1940. Cependant, depuis l’introduction des chasseurs d’ouragans, il n’y a pas eu d’augmentation du nombre d’ouragans majeurs. Nous assistons tout a un cycle des activités cycloniques peu actif durant les années 1970 et 80, lorsque l’AMO était en phase froide et actif durant la période chaude 1925 – 1965 ( AMO+).

Lors des phases froide de l’AMO l’atlantique est moins actif ( 1er image)


Contrairement au mythe populaire, l’année avec le plus d’ouragans majeurs n’est pas 2005, mais 1950 avec huit alors la concentration du CO2 était largement inferieure

Quatre ouragans majeurs au cours d’une saison (comme cela est le cas actuellement) n’est pas si exceptionnel. En fait, on compte 27 saisons oú il y eut quatre ou plusieurs ouragans majeurs ou plus.

 Les ouragans sont-ils plus puissants de nos jours?
Pas selon l’indice ACE, qui montre que les saisons cycloniques passées étaient aussi fortes que celles des dernières décennies, la plus prolifique en terme d’ACE étant 1933.

Au 20 septembre, l’atlantique a généré près de 47 % de l’énergie accumulée de l’hémisphère Nord, alors que la moyenne est d’environ 20 %, une façon pour notre planète d’essayer de rétablir l’équilibre énergétique (les cyclones redistribuent l’excédent d’énergie de l’équateur vers les pôles) puisque l’activité cyclonique est très en dessous de la moyenne sur la quasi-totalité du Globe. Si les changements climatiques étaient responsables, elle aurait été  partout au dessus de la normale

Comment se présente le reste de la saison ?

Les observations actuelles semblent indiquer un affaiblissement de la locomotive africaine et un renfoncement de la pression sur la région, des conditions qui cadrent parfaitement avec la climatologie qui montrent un déplacement de la zone de formation des ouragans de L’atlantique est vers l’ouest du basin et surtout sur la mer des Antilles entre les 21 et le 10 octobre.

Certes, avec la présence de la Nina et les eaux chaudes sur la mer des Antilles,

la persistance de l’oscillation de Madden Julian ( MJO ) sur notre région,

Le passage d’ondes de Kelvin active

Son autant de facteurs qui devraient favoriser la formation d’autres cyclones au cours des prochains jours.  La zone a surveillé sera l’ouest de la mer des Antilles ou les modèles indiquent une baisse de pression notable. Deux ondes tropicales se rapprochent et pourraient servir de catalyseurs sur cette région.

Les modèles indiquent une baisse de pression sur l’Ouest de la mer des Antilles avec la possibilité d’assister a la formation d’un cyclone tropical

Les probabilités de développement augmentent sur la région

Le sud du pays qui souffre d’un déficit pluviométrique depuis 2 ou 3 mois

Cyclone ou pas de fortes pluies devraient s’abattent sur les régions méridionales des cette fin de semaine pour culminer entre le lundi 2 et samedi 7 octobre. Il est encore tôt, mais il se pourrait que ses dernières soient suffisamment fortes et de persistante pour provoquer des inondations sur ces régions (Sud, Grande-Anse, Nippes, Sud-est et une partie de l’Ouest ).

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Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

Mr météo.info tous droits réservés septembre 2017