La prochaine saison cyclonique sera-t-elle marqué par un retour des cyclones majeurs sur le bassin antillais?

Les saisons cycloniques de la dernière décennie (2009-2018) ont plutôt été clémentes pour le bassin caribéen (hormis 2016 et 2017) ce qui contraste fortement la période précédente (2000 – 2008) qui a vu transité entre 2000 et 2005 par exemple des monstres tels qu’Ivan, Denis, Emily, Dean, Félix, Lili, Isidore, Jerry, Michel, tous des cyclones de catégorie 4+ sans parler de la terrible année 2008 avec Ike, Gustave, Paloma, Lenny, etc.  qui dévastèrent plusieurs régions du bassin.  De plus, après le passage du cyclone de catégorie 5 Félix en 2007, il aura fallu attendre presque 10 années avant d’assister au passage d’un cyclone de catégorie similaire sur la mer des Antilles, Matthew en 2016. Un retour à des conditions plus favorables, et la genèse de la Niña durant le pic de la saison en 2017, favorisèrent l’atterrissage d’Irma et de Maria sur l’Est et le Nord-est des caraïbes. Toutefois, en 2018, les conditions qui prévalurent entre 2013 et 2015 firent de nouveau leur apparition, fournissant une protection pour les îles de notre bassin. La saison des ouragans de l’Atlantique débute dans moins de 80 jours, assistera-t-on à une persistance des conditions hostiles aux perturbations cycloniques ou encore au retour des risques accrus pour les pays limitrophes de la mer des Antilles ?

Il est quasiment impossible de prévoir avec certitude l’état de l’atmosphère dans un futur aussi éloigné; toutefois, l’analyse de données comme la distribution des températures océaniques fournies par modèles de prévisions climatiques ou encore la recherche d’années ou des conditions similaires avait prévalu, demeure des outils précieux dans notre démarche. Ainsi, si on compare les prévisions de plusieurs modèles quant à la distribution des anomalies de températures océaniques (SSTAs) sur l’Atlantique et le Pacifique pour l’été, on se rend compte qu’elles se situent carrément à l’opposé de celles des années dites actives.

.                      Euro SSTA juillet-septembre    

Distribution des anomalies de températures de juillet a septembre sur le Globe

Durant les saisons actives, la distribution des SSTAs sont assez différentes de celles prévues pour l’été et l’automne par l’un des meilleurs modèles l’EURO.

Durant les années dites analogues (ou des conditions similaires à 2019 avaient prévalu), l’El Niño est centré un peu plus à l’Est. Il est donc judicieux de fusionner ces années de faibles activités avec les 5 à 6 dernières années pour se faire une idée sur la probable distribution des SSTAs pour l’été.

Le résultat est une distribution des SSTAs qui correspond à un tripol négatif (plus froid au Nord, chaud au Centre et plus frais sous les 20 degrés de latitude) sur l’Atlantique créant des conditions peu favorables sur la zone de développement principal ou MDR plus la présence d’El Nino peu favorable au passage de cyclone sur la mer des Antilles

Comparer aux 5 à 6 dernières années, les SST actuels (à droite) sont très proches de 2015 (à gauche une année peu active), bien que cet El Niño semble (pour la même période) un peu plus costaud:

2019 (à droite) est l’inverse de l’année dernière (à gauche) dans le Pacifique ou La Niña se dissipait.

Un autre facteur plaidant en défaveur d’une saison active sur la mer des Antilles est le déficit pluviométrique prévu sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel qui pourrait favoriser le départ de plus grandes quantités de sable vers l’Atlantique et les Caraïbes. Ces poussières sahariennes (SAL) suffoquent les ondes, augmentent la stabilité de l’atmosphère et en reflétant les rayons du soleil refroidisse l’océan.

Les probabilités que les précipitations soient au-dessous de 30% des normales sur l’Ouest de l’Afrique seraient assez élevées selon l’EURO.

Donc avec un probable refroidissement des SSTs et une distribution peu favorable à la focalisation de l’énergie sur l’Atlantique tropicale (Tripol négatif) les caraïbes pourraient  une nouvelle fois bénéficier d’une certaine protection pour la fin de l’été et le début de l’automne; surtout si El Niño devient un évènement classique et que le bassin se refroidisse suffisamment comme c’est le cas actuellement.

L’indice actuel de l’AMO est le plus faible depuis 1994 !

Quels sont les risques pour Haïti ?

En ce qui concerne notre pays, les saisons durant lesquelles notre pays a été épargné  montrent des anomalies de pressions positives (anormalement élevées) sur notre région qui sont généralement à l’opposé des saisons ou nous avons été malmené comme (1954,1958, 1963, 1964, 1966, 1980,1987, 1988, 1998, 2008, 2016) ou les pressions furent plus faibles sur la mer des caraïbes.

Durant les saisons ou notre pays a été épargné, les anomalies de pression étaient positives sur les caraïbes entre août et octobre

Les années cauchemardesques

Contrairement aux années terribles où ces anomalies de pressions étaient inférieures aux moyennes pour la même periode.

Les prévisions de l’EURO pour le cœur de la saison cyclonique quant aux anomalies de pressions atmosphériques ressemblent beaucoup aux années où nous avons été épargné.

Des pressions plus élevées sont prévues sur notre région au cœur de la saison cyclonique

Nous devrions en principe assister, si ces prévisions se matérialisent (AMO froid, El Niño modéré à fort sur le pacifique), à une saison cyclonique dominée comme les saisons 2013, 2014, 2015, 2018 par un cisaillement plus élevé que la normale, des épisodes de brume de sables du Sahara plus fréquents, des Alizés plus rapide sur la mer des Antilles contribuant à des remontées d’eau froide sur l’Atlantique tropical, de la subsidence plus forte que la normale avec pour conséquence une réduction notable du nombre et de l’intensité des ondes tropicales et par voie de conséquence, une baisse marque de l’activité cyclonique surtout sur la zone de développement principale ou MDR.

Zone de développement principal des ouragans ( MDR)

Au-dessus de 20 degrés de latitude, les ouragans devraient bénéficier de meilleures conditions pour se développer et menacer les Bahamas, le Sud-est des États-Unis et les Bermudes.

Nos prévisions préliminaires

Avec une énergie cyclonique accumulée de 65 à 105 ACE, la majeure partie de l’activité cyclonique devrait se dérouler au-dessus du 20e degré de latitude et ainsi éviter la mer des Antilles. Mais rappelez-vous que ce ne sont que des prévisions préliminaires, l’atmosphère est dynamique et les conditions pourraient évoluer d’ici juillet et août dans un sens ou l’autre. Vous aurez nos prévisions définitives en Avril.

Lexique

ACE :  L’énergie cumulative des cyclones tropicaux (en anglais Accumulated Cyclone Energy) est la quantité d’énergie globale d’un ou de plusieurs cyclones estimée à partir de la vitesse maximale des vents pour chaque période de six heures. Selon sa définition, elle n’est calculée qu’à partir du moment où le système atteint le niveau de tempête tropicale et ne tient donc pas compte des dépressions tropicales plus faibles et souvent de courte durée de vie.

L’AMO (L’Oscillation Multi-décennale de l’Atlantique) est une variation cyclique à grande échelle dans le courant atmosphérique et océanique dans l’Océan Atlantique du Nord qui combine pour augmenter et baisser alternativement la température de la surface de l’Océan Atlantique (SST). Cette oscillation qui est multi-décennale varie sur une échelle de 50 à 70 ans, avec des anomalies positives pendant environ 40 ans, suivies d’anomalies négatives de la SST pendant environs 20 ans dans l’Atlantique Nord avec une différence d’approximativement 0,6°C entre les extrêmes. l’AMO est un cycle quasi périodique, apparenté à la variabilité de la circulation du thermohaline océanique. Son indice montre que de 1856 à aujourd’hui, qu’il y a eu une persistance chaude (de 1856 à 1900, de 1930 à 1960, de 1995 à aujourd’hui), et fraîche (de 1900 à 1920, de 1960 à 1995). Les causes du AMO ne sont actuellement pas bien connues parce que cette oscillation est longue.

Le cisaillement du vent est une différence de la vitesse ou de la direction du vent entre deux points suffisamment proches de l’atmosphère. Selon que les deux points de référence sont à des altitudes différentes ou à des coordonnées géographiques différentes, le cisaillement est dit vertical ou horizontal.

Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

Mr météo.info tous droits réservés mars 2019

 

4 octobre 2016, Matthew……

22 septembre 2016, une impressionnante onde tropicale amerri sur l’océan Atlantique.

L’onde tropicale (futur Matthew) à sa sortie d’Afrique

      L’humidité associée à cette onde                                               

Elle était attendue par beaucoup de spécialistes et prévisionnistes, car contrairement aux précédentes, qui évoluèrent dans un environnement défavorable à marginal,  elle est prévue d’évoluer à une assez basse latitude, ce qui devrait lui permettre de bénéficier de conditions un peu plus favorables. particulièrement lorsqu’elle atteindra le 50e degré de longitude. Le NHC ne lui accorda que 20% de chances de développement à sa sortie d’Afrique en raison du cisaillement des températures océaniques peu élevées sur la région.

L’onde traversa donc l’Atlantique tropical en s’organisant très lentement et conformément aux prévisions, elle trouva des conditions favorables à l’Est-Sud-est des Antilles. La première mission de reconnaissance trouva un système organisé avec une circulation fermée en surface; le NHC classa donc le système au rang de tempête tropicale baptisée Matthew le 28 septembre à 12  UTC alors qu’elle était à 55 km au Sud-est de Sainte-Lucie.

Sous l’influence d’une profonde crête profonde haute de au nord, Matthew vira vers l’ouest et  traversa les îles du Vent, passant à mi-chemin entre Sainte-Lucie et Saint-Vincent le 28 septembre vers 1800 UTC.

Le champ des vents inhabituellement étendu du côté Est de la circulation asymétrique de Matthew provoqua des vents de force de tempête tropicale à la Barbade jusqu’aux environs de minuit le 29 septembre, alors que le cyclone se trouvait près de Curaçao. Ces conditions (les rafales de vent de > 63 km/h) se propagèrent également sur la plupart des petites Antilles et au Nord sur les îles Vierges américaines et Porto Rico.

Alors que Matthew continuait à se déplacer sur les eaux profondes et chaudes de la mer des Caraïbes, il se renforça progressivement dans un environnement caractérisé par un cisaillement vertical Ouest-Sud-ouest d’environ 20 nœuds,

et acquis le statut d’ouragan le 30 septembre à environ 165 km au Nord-est de Curaçao.

Au cours des prochaines 48 h, la crête de haute pression se creusa au Nord et à l’Ouest de Matthew, forçant l’ouragan vers l’Ouest et le Sud-ouest. Malgré un cisaillement vertical modéré de 15 à 20 nœuds, le cyclone passa par une période d’intensification rapide (IR) entre le 30 septembre 0000 UTC et le 1er octobre 0000 UTC, période pendant laquelle le diamètre de l’œil de Matthew s’est contracté d’environ de 30 miles nautiques à 5 mn atteignant une intensité maximale estimée à 145 nœuds (soit un accroissement de 75 nœuds en 24 heures !) le 1er octobre à 0000 UTC lorsqu’il est situé à moins de 80 milles au Nord de Punta Gallinas, en Colombie.  En accédant à la catégorie 5 à une aussi basse latitude Matthew battit le record précédemment établi par l’ouragan Ivan en 2004.

 

Presque immédiatement après que Matthew eut atteint son intensité maximale, il commença à s’affaiblir. L’imagerie satellite par micro-ondes (Microwave) ne donna cependant aucune indication qu’un possible cycle de remplacement de l’œil (ERC) était en cours pendant cette phase d’affaiblissement et les données des avions de reconnaissance ne montraient pas la formation d’un second mur de l’œil. Cependant, des remontées d’eau froides se produisaient sous l’ouragan, comme l’indiquèrent les données de température de surface de l’océan (SSTs) obtenues par satellite et les données de la bouée NOAA 42058. L’œil de Matthew passa juste au-dessus de cette bouée qui enregistra une pression de 942.9 Hectopascals. Ces informations fournies par cette bouée (Fig. 5) montrèrent que les remontées d’eau froide et le brassage (mixing) généré par les vents violents contribuèrent abaissés de plus de 3 °C les SST sous l’ouragan. Le refroidissement océanique se produisit dans la région où était située la bouée, plus de 12 heures avant le passage de l’œil de Matthew en raison du large diamètre du champ de vent de l’ouragan.

La partie occidentale de la crête au-dessus de Cuba et de l’île d’Haïti s’affaiblit tôt le 2 octobre. Les vents directeurs étant quasi nuls, l’ouragan effectua une petite boucle dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et incurva lentement sa trajectoire vers le Nord-ouest ; les vents maximums atteignaient durant cette phase une intensité estimée à 125 nœuds à 0600 UTC, le 2 octobre alors que le cyclone était situé à environ 300 mi au Sud-Sud-ouest de Port-au-Prince, en Haïti.

Il convient de noter que pendant la phase d’affaiblissement de Matthew, le rayon d’action des vents maximums, les plus proches de l’œil (RMW) est resté relativement stable entre 5 à 7 mn pendant plus de 48 h (Fig. 4). L’entretien du petit RMW a peut-être contribué à la phase de réintensification de l’ouragan entre 0600 UTC et 1800 UTC le 2 octobre alors que le 13e système nommé de la saison se déplaçait vers le Nord autour de la périphérie Ouest d’une large crête de haute pression située au-dessus de l’Atlantique central subtropical. Pendant ce temps, le cisaillement vertical du vent était tombé à moins de 10 nœuds (favorables), tandis que les taux d’humidité moyens se situaient à plus de 70% (Fig. 6).

S’éloignant maintenant de la région où les remontées d’eau froide affectaient sa vigueur, le cyclone évolua désormais au-dessus d’eaux chaudes contenant une plus grande quantité de chaleur océanique. Matthew atteignit dans cet environnement son deuxième pic d’intensité, soit 135 nœuds à 18 h UTC le 2 octobre au moment où le puissant ouragan de catégorie 4 se trouvait à environ 105 miles nautiques au Sud de Tiburon (Haïti). Au cours de cette phase de réintensification, la pression centrale de Matthew chuta à sa valeur la plus basse, soit 934 mb, tandis que le RMW passait de 10-15 mn. Matthew s’orienta vers le Nord-Nord-est et connut quelques fluctuations mineures d’intensité lorsque l’œil atterrit sur la côte Sud-ouest d’Haïti, près de Les Anglais, le 4 octobre à 1100 UTC (Fig. 7a) avec des vents maximums près du centre estimé à 130 nœuds et des rafales de plus de 155 à 165 (catégorie 5).

Une catasondes mesura des vents soutenus de 145 nœuds a seulement 200 mètres d’altitude et 167 nœuds ( 183 m/h) à 940 mètres au-dessus de la surface quelques heures juste avant que le cyclone ne frappe Haïti. Ces vents ont sans nul doute touché la surface brièvement sous forme de rafales.

Le champs des vents de Matthew quelques heures avant de toucher Haïti

Point d’impact : Les Anglais tout a été dévastée

                                     Autour du point d’impact la végétation a été soufflée par les rafales proches de 300 km/h

Matthew poursuivit sa course vers le Nord en traversant l’extrémité Ouest de la péninsule du Sud et l’Ouest du golfe de la Gonâve vers 1800 UTC (fig b, c). Le terrain montagneux perturba la circulation à basse altitude de l’ouragan, ce qui provoqua un affaiblissement des vents maximums de 130 à 115 nœuds juste avant que le cyclone n’atteignît les côtes cubaines le 5 octobre à 0000 UTC (fig.d).

Intensité réelle de Matthew sur Haïti et Impacts

Haïti: l’intensité de 130 nœuds près de Les Anglais à 1100 UTC le 4 octobre est basée sur la conversion de la vitesse des vents enregistrée par les chasseurs de cyclone a l’altitude de vol à la surface de 126 nœuds, un vent de surface SFMR de 128 nœuds, une intensité obtenue par la  méthode Dvorak de T6,5/127 nœuds, l’estimation de l’intensité des satellites TAFB et SAB et ADT de 135 à 139 nœuds.

 

Les conséquences des précipitations

Des pluies diluviennes se sont abattues sur les parties centrales et occidentales de la péninsule du Sud ainsi que sur le Nord-ouest d’Haïti. Certaines localités situées le long de la côte septentrionale de la péninsule du Sud immédiatement à l’Est de la trajectoire de l’œil du cyclone reçurent plus de 20 pouces. Un total de 23,80 pouces de pluies a été mesuré à Anse-à-Veau et 20,10 pouces de pluies à Petit Trou de nippes. Ailleurs sur la péninsule, plusieurs localités enregistrèrent des précipitations supérieures à 15 pouces. La fureur avec laquelle Matthew s’est abattu sur les départements du Sud et de la Grand-Anse (régions) a entraîné la destruction de la quasi-totalité du réseau de stations météo sur ou près de la trajectoire de l’œil de Matthew; les données pour ces départements (régions) sont ainsi indisponibles, car les instruments ont été endommagés, emportés ou tout simplement détruits.

Estimation satellitaires des précipitations ( IMERG)

 Totaux sur certaines localités

 

Les rapports officiels du gouvernement d’Haïti et de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) ont indiqué que les fortes pluies dans la majeure partie du pays ont provoqué des crues soudaines, des inondations et des coulées de boue. En allant vers l’Ouest à partir des Cayes dans le département du Sud, les routes furent impraticables pendant plusieurs jours après que Matthew eut touché terre, en raison des inondations et des graves dommages causés aux routes et aux ponts dans toute la région. Certaines communautés du département de Grand-Anse ont été complètement isolées en raison des inondations. La destruction du pont de La Digue à Petit Goave a compliqué le transport des secours vers les zones les plus touchées. Les inondations ont ravagé de vastes étendues de terres agricoles et ont également provoqué de lourdes pertes de bétail.

 

Les effets de l’océan

Des dommages généralisés aux structures en bord de mer ont été constatés de Tiburon vers l’Est jusqu’aux régions de Saint-Louis du Sud dans le Sud (région).les vagues et l’ondes de tempête dans les zones touchées par Matthew ont atteint une hauteur allant de 4,6 à 7,6 mètres au-dessus du niveau de la mer sur les régions avec des falaises abruptes et de 1,5 à 4,6 mètres sur les côtes à plus faibles inclinaison. Selon des entretiens avec des habitants locaux, il sembleraît que ces inondations côtières ont souvent pris la forme de vagues  rapides et fortes, similaires à celles enregistrées aux Philippines lors du super typhon Haiyan en 2013. Près des côtes sur les régions où se sont produites les plus grandes inondations presque tous les bâtiments côtiers battis  en grande majorité en maçonnerie non armée, ont été partiellement ou totalement détruits. Le bilan chiffré réel ne sera probablement jamais connu mais plusieurs milliers de maisons et d’autres bâtiments ont été complètement détruits par les vagues et l’onde de tempête, en particulier sur la côte sud-ouest, entre Port Salut et Les Anglais.

Les fortes et vagues ont déplacé ce camion et ces rochers sur plus d’une dizaine de mètres

 

La force des vagues dans une région escarpée près de Roche-à-Bateau. La route ici est à environ 5,2 mètres au-dessus du niveau de la mer. Crédit photo: A. Kennedy

 

Les déferlantes ont détruites cette école qui se situait a 5.2 mètres au-dessus du  niveau de l’océan.

Les effets des vents

Au moins 210 000 maisons ont été détruites ou gravement endommagées et environ 90% des maisons situées le long de la face Sud du massif de la Hotte ont été détruites. Toujours dans cette même région, environ 90% des cocotiers ont été balayes par les vents de catégorie 4 de Matthew, et des plantations entières de café et de cacao ont été détruites. Plus de 350 000 animaux de la région ont également été tués. Les vents intenses de Matthew ont également détruit les lignes électriques dans la majeure partie de la péninsule, laissant environ 80% des résidents sans électricité. Les tours de téléphonie cellulaire ont également été balayés par les rafales, qui ont interrompu les communications et empêché les opérations de sauvetage dans les jours qui ont suivi la tempête. Selon le gouvernement haïtien, plus de 85% des bâtiments ont subi de graves dégâts dans cette région, certains ayant été complètement détruits. Plus de 80% des toitures en tôle ont été endommagées. Plus précisément, dans les zones rurales, les bâtiments traditionnels construits en ossature de bois et en toiture en tôle ou en chanvre ont été complètement oblitérés. Dans les zones urbaines, de nombreuses maisons mixtes (c’est-à-dire des constructions en béton, en aggloméré et en tôle) ont été partiellement détruites.

Sur les régions des Cayes  soumises  à plus de 10 heures de vents d’ouragans au moins 80% des récoltes ont été perdues, selon le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies. Le département de Grand-Anse (région), situé dans la partie Nord de la péninsule, a été particulièrement touché, des centaines de maisons mal construites ont été complètement détruites par les vents de catégorie 4 de Matthew (et ses rafales de catégorie 5 surtout sur les hauteurs). Dans la ville de Jérémie, presque toutes les maisons en tôles ondulées ont été soufflées , seuls quelques bâtiments en béton ont survécu. Des milliers de gros cocotiers, d’arbres à pain et de bananiers ont été détruits par les vents violents.

Les autorités haïtiennes ont indiqué qu’au moins 29 000 maisons avaient été détruites ou lourdement endommagées dans les départements de Grande-Anse et du Sud, et 17 écoles avaient également été endommagées. La destruction des lignes électriques et téléphoniques par les vents violents fut très répandue dans les régions susmentionnées

 

Le 1e étage de l’Hôpital de Saint Antoine construit en 1923 a été démoli par Matthew

 

 

Dommages résidentiels causés par le vent dans divers types de logements : des classes populaires aux classes les plus aisées: Vue intérieure d’une maison de famille à faible revenu à Bonbon utilisant  un toit en métal traditionnel encadré de bois indigène qui a survécu à l’ouragan grâce à la l’intelligence des propriétaires qui ont attaché l’armature à plusieurs points avec des cordes et des sangles pour renforcer sa résistance durant la tempête; (b) une comparaison des performances côte à côte de la maçonnerie non armée construite à Bonbon par une organisation non gouvernementale étrangère avec des matériaux importés de meilleure qualité (maison rose), qui a survécu malgré la perte de toit, tandis que le bloc fabriqué localement a été complètement détruit; c) vue intérieure d’une maison de la famille aise à Port Salut, avec un toit à charpente métallique bien raccordé qui s’est incliné vers le haut et a tiré vers l’intérieur un mur de maçonnerie non armé de deux étages. Crédits photo: Tracy Kijewski-Correa.

 

La trajectoire de Matthew sur la presquie du sud

(a) En médaillon a) la trajectoire empruntée par  Matthew sur Haïti dans l’ouest de la péninsule du Sud. (b) Médaillon  de la péninsule du sud indiquant les détails. L’icône d’ouragan indique la classification de Matthew dans la catégorie Saffir-Simpson à chaque point. Les Anglais (non représenté) se trouve sur la côte sud-ouest, près de l’icône “213”, à environ 16 km à l’est de l’emplacement indiqué. Les cartes d’arrière-plan sont issues de Google Earth.

 

Les vents intenses de Matthew, les inondations et coulées de boue provoquées par les pluies ont causé la mort d’au moins 546 personnes (probablement la vraie valeur devrait être multipliée par un chiffre > 4  à notre humble avis) et des milliards de dollars de dégâts.

On parle peu ou pas des conséquences sur l’environnement comme avec la disparition de centaines de milliers d’animaux de toutes sortes ( certaines endémiques en Haïti) , la perte de millions d’arbres et encore de la possible modification des fonds marins que j’ai constatés lors d’une visite entre Port-Salut et Roche a Bateau. Il y a aussi et surtout comme après n’importe catastrophe naturelle  de cette envergure le lourd bilan psychologique. Des dizaines de milliers de gens meurtris dans leur esprit ou dans leur corps après avoir vécu ou subi des pertes et toutes sortes de traumas ; comme le récit macabre de cet homme qui s’enfuyait avec sa mère en lui tenant la main après que leur maison eut été détruit et constate avec horreur que son corps est couvert du sang de sa mère qui vient d’être décapité par une tôle propulsée dans les airs par les rafales ou encore le récit de cette dame qui en essayant de sauver ses chèvres est projeter dans les airs comme un vulgaire fétu de paille puis plaquer face aux vents contre une paroi rocheuse pendant de longues minutes,  pendant que les rafales forces ses fesses contre les de la roche qui lacéré sa chair. Elle sera découverte avec le derrière infecté, souffrant d’un début de putréfaction et mourra quelques s quelques jours plus tard à l’hôpital. Des enfants ont désormais une peur de bleus de la pluie, de la moindre petite rafale ou de la foudre (plutôt rare dans les cyclones, mais assez actives lors du passage de Matthew). Mais il n’y a eu que peu ou pas de suivi, manque de moyen, incompétences, absence réelle de plan de contingence, etc. Les leçons n’ont probablement pas été retenues comme  elle le devrait et aucun travail d’éducation ni de sensibilisation n’est prévu sur cette question. Aucune étude sérieuse sur comment ferons nous la prochaine fois  pour évacuer les gens, limiter les pertes ou encore trouver des réponses aux questions du genre qu’est-ce qui a foirée ? Le rôle des médias (toujours branchée politicaillerie avec  ou presque pas émission d’éducation) publics ou privés qui invitent 9 fois /10 des politiciens ou des autres grands tonneaux vides. Mais en vérité je vous le dis il y aura une prochaine fois et elle risque d’être beaucoup plus proche de la région la plus à risque du pays «  le bassin de Port-au-Prince » ou les gens n’ont aucune expérience de ce genre de phénomène (le dernier cyclone de PaP remonte à 1966 !). Que fera-t-on des habitants des cités côtières ? Comment les gens en Hauteurs sont-ils préparés aux fortes rafales et a la possibilité d’être coupé du reste du pays pendant plusieurs jours (gigantesques éboulements, chute d’arbres) ? Évacuera-t-on la nouvelle cité  de Canaan de la capitale située dans une zone où l’effet du vent est multiplié ? Quelles seront les conséquences de 300 a 500 mm de pluies en 24 voir 12 heures ? Des études sur certains ravins en hauteurs inquiètes. Prendra-t-on les décisions qu’il faut à temps ?

 

 

 

NB Matthew est le premier ouragan majeur et le premier ouragan de catégorie 4 à toucher Haïti depuis Cleo en 1964 !

 

Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

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