La baisse de l’activité solaire accroît-elle le risque cyclonique sur Haïti ?

Le soleil contrôle le climat terrestre, cela a déjà été prouvé, ces cycles de fortes activités correspondent en effets à des périodes chaudes et vice versa. À une échelle plus réduite, la variation de la quantité d’énergie reçue de notre étoile aurait aussi semble-t-il  la capacité d’influencer l’activité cyclonique, c’est à cette conclusion que sont arrivés des chercheurs de l’université de la Florida State Université.

 Des chercheurs de la FSU Robert Hodges et Jim Elsner ont montré que la probabilité qu’au moins 3 ouragans d’affectent les USA augmentaient  considérablement durant les périodes où l’activité solaire ,qui à un cycle de 11 années environ, atteignait son minimum. Une corrélation qui trouve son fondement dans le degré de stabilité qu’induirait la quantité de taches solaires présente.

Lorsqu’elles sont peu nombreuses et/ou les températures océaniques sont au-dessus des normales, l’atmosphère est plus instable et conséquemment produit beaucoup plus d’ouragans relativement à la normale, toujours selon ces scientistes de la FSU, alors que les années ou ces tâches sont nombreuses, mais avec des anomalies de températures positives sur les océans tropicaux, la stabilité de l’atmosphère augmente créant des conditions moins propices à la formation et l’intensification des cyclones.

Cet effet pourrait être amplifié sous certaines conditions comme quand les conditions de la Niňa prévalent par exemple sur l’atlantique ou encore quand est El Niño est présent et favorise la formation de cyclone sur l’Est du Pacifique. Quand les taches solaires sont moins nombreuses il y a beaucoup moins d’énergie disponible au sommet de l’atmosphère et de ce fait, les couches supérieures au-dessus du cyclone sont donc plus froides créant ainsi une grande instabilité, et des conditions permettant le développement d’ouragans majeurs, stimulant l’intensification de tempêtes tropicales qui sous d’autres conditions ne se seraient probablement pas intensifiées.

Les probabilités de frappe directe de 3 ou + plus cyclones sur les USA seraient de 20% durant les années ou les tâches solaires atteignent au moins 75% de la normale, alors qu’elle grimpe à 40% pour un pourcentage de taches inférieures à  25%. Toutefois, les risques sont de l’ordre de 64% lorsque les tâches atteignent leur maximum. Les deux chercheurs ont étudié la fréquence des ouragans et des tâches solaires de 1851 à 2008 et ont pris en compte d’autres facteurs comme El Niño et les variations de température des eaux de surface qui module également l’activité cyclonique.

Les effets des ultras violets

Pour que la cyclogenèse se produise, les températures doivent diminuer suffisamment vite avec l’altitude juste là où il faut pour générer assez d’instabilité (entre 3000 et 5000 mètres), ce qui donnera naissance aux nuages à développements verticaux (cumulo-nimbus).

Ces activités convectives permettent la libération de la chaleur préalablement stockée dans les océans (chaleur sensible) au-dessus du cœur de la dépression en formation (chaleur latente). Selon la théorie qui fait d’un ouragan une machine thermique, l’intensité décroit quand les couches près du sommet de la perturbation se réchauffent.

Bien que les tâches solaires constituent des régions à  la surface du soleil marquée par des températures inférieures à leur environnement de nombreuses éruptions y ont lieu dans le voisinage de l’intense activité magnétique qui y règne. Selon Elsner “ces endroits sont une sorte d’indication sur l’activité solaire, plus ils sont nombreux plus le soleil est actif “. En effet, ces variations de tâches solaires suivent un cycle de 11 ans, avec des maximum pouvant atteindre 200 à 300 par jours et des minimum d’un à 3 douzaines en période minimal. Comme cela se produit depuis quelques mois.

L’intensité des radiations solaires varie également au fur et à mesure que ces tâches se déplacent à la surface de l’astre, au cours de sa rotation autour de son axe qui dure un mois environ. Ainsi l’irradiance solaire durant les 11 années varie seulement d’environ 0.1% annuellement selon la NASA Earth Observatory. Mais le réchauffement dans la couche d’ozone peut être plus important que l’on ne le pense en raison de l’absorption par l’ozone des rayons ultraviolets. Entre les minima et maxima des tâches solaires, les radiations peuvent varier de plus de 10% dans le spectre de l’ultraviolet à découvert Elsner. Avec l’augmentation du nombre de tâches et par conséquent plus d’ultraviolets, les chaudes couches d’ozone réchauffent l’atmosphère des couches sous-jacentes. Ces récentes découvertes démontrent qu’une augmentation d’UV peut influencer l’intensité des cyclones et même à l’échelle journalière.

Y aurait-il un rapport également d’une relation entre la fréquence des ouragans en Haïti et l’activité solaire ? Difficile à dire, vu la quantité de facteurs qui entre en jeu comme l’oscillation atmosphérique, océanique, etc., pourtant même si 160 années ne nous permettent pas vraiment d’établir un lien;

 Il est à noter que durant le dernier siècle, les périodes de grandes activités cycloniques en Haïti (50-57,58-66,04-08) à coïncider avec une baisse de l’activité solaire comme celle que nous sommes en train d’observer en ce moment ….

 

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Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

Tous droits réservés septembre 2013