Coronavirus : Quel impact sur les prévisions météorologiques ?

Associées à de la sorcellerie il y a seulement quelques siècles de cela, les prévisions météorologiques reposent aujourd’hui sur une armée de dispositifs technologiques dont la fiabilité continue encore de progresser. Seulement voilà, pas de prévisions sans données à analyser et la crise actuelle semble mettre à mal l’expertise des météorologues. Entre coronavirus et prévisions météorologiques, quel est le rapport ?

Comprendre les prévisions météorologiques

Fini le temps où les prévisions reposaient sur le hasard et s’apparentaient à jouer en ligne à la roulette en argent réel ! Désormais, une multitude de satellites dédiés se chargent d’analyser l’état et l’évolution de l’atmosphère à chaque instant, partout à travers le monde. Les données ainsi obtenues sont ensuite regroupées par secteurs géographiques et par niveaux d’altitude pour plus de précision.

Une fois correctement réparties, c’est un supercalculateur qui prend le relais, une sorte d’ordinateur aux capacités de calcul exceptionnelles. Là, un premier scénario est élaboré à partir des données initiales puis un second, en modifiant les calculs. L’ordinateur déterminera ensuite lequel de ces scénarios est le plus probable, en ajustant légèrement certains paramètres. Un processus complexe qui permet aujourd’hui aux prévisions météorologiques d’être fiables jusqu’à 10 voire 15 jours, là où elles ne portaient que jusqu’à 2 jours maximum en 1992 !

Le problème, c’est que les satellites ne sont pas les seuls dispositifs à collecter des données. Pour être plus précis, notamment dans les couches basses de l’atmosphère, environ 10 % des données proviennent de systèmes embarqués dans des avions de ligne. Mais le coronavirus a largement mis à mal le trafic.

Quel lien entre météo et coronavirus ?

Afin de ne pas générer de coûts supplémentaires ou d’affréter des vols dédiés, ce sont les avions de ligne qui volent avec une sonde rattachée à leur fuselage. À eux seuls, ils permettent ainsi de recueillir environ 700 000 données quotidiennes, d’à peu près tous les points du monde. Mais ça, c’était avant la crise du Covid-19 qui a fait chuter l’activité du secteur de 90 % par rapport à sa fréquence normale. Soit une perte de données colossale pour les prévisions météorologiques et en particulier pour la France, où la diminution des trafics aérien et maritime complique les calculs pour la côte Atlantique.

En contrepartie, alors que leur utilisation avait tendance à se réduire, ce sont les ballons sonde qui signent leur grand retour dans l’atmosphère, sans pour autant atteindre le degré de précision obtenu avec l’aviation civile. Problèmes supplémentaires, ils coûtent cher, et explosent en vol avant de retomber sur Terre. Ce qui rend irréalisable toute idée de les réutiliser. Au total, Météo France estime que l’impact sur les prévisions pourrait être de l’ordre de 10 %.

Un impact à double sens ?

Et si la météo influait en retour sur la progression du virus ? Bien sûr, plus question de croire que la maladie disparaîtra miraculeusement avec le retour des beaux jours comme l’affirmaient début février certaines personnalités politiques. Quand bien même le Covid-19 s’avérerait être une maladie saisonnière, une hypothèse plausible, la hausse des températures ne résoudrait en rien la crise.

Le 7 avril dernier, dans une longue lettre adressée à la Maison Blanche, l’Académie Nationale des Sciences expliquait en effet que ni les chaleurs printanières, ni les températures estivales ne marqueraient la fin du Covid-19. Ce que l’on peut envisager en revanche, c’est un possible rapport entre la chaleur, l’humidité et la capacité de survie du virus. Ce qui ferait du coronavirus un mal saisonnier à l’image de la grippe, qui résiste toute l’année mais qui ne provoque des épidémies qu’au cours de l’hiver.

De nombreuses études vont d’ailleurs dans ce sens et notamment en Chine, foyer de l’épidémie actuelle, où des documents scientifiques diffusés début avril ont indiqué que la propagation de la maladie était plus rapide dans les villes sèches et froides que dans les villes humides et chaudes. Ce même document mettait en évidence que le taux de transmission le plus élevé enregistré sur le territoire l’avait été dans des régions et à des périodes où les températures oscillaient entre 3 et 17°C. À l’inverse, les régions plus chaudes, à partir de 18°C, n’enregistraient qu’un taux de transmission plus faible.

Même constat d’ailleurs aux États-Unis, où les régions du Sud s’avèrent moins touchées que les États du Nord, ou encore en Espagne où 95 % des cas d’infection identifiés l’ont été dans des zones enregistrant des températures allant de -3 à 10°C !

Un lien à double sens donc entre la météo et le coronavirus, qui devrait trouver son équilibre dans les mois à venir avec l’avancée de la recherche et la reprise progressive des activités.