LA SUPER TEMPETE SANDY UNE CONSEQUENCE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ?

 

Le passage de la tempête Sandy sur le nord-est des Etats-Unis en octobre dernier a relancé le débat sur les changements climatiques et ses probables conséquences sur la trajectoire et la puissance des ouragans. En effet après avoir dévasté le sud-est de Cuba et provoqué des pluies diluviennes sur Haïti et la République Dominicaine, Sandy s’est dirigée vers le nord ou des conditions particulières ont transformé l’ouragan en une sorte de monstre se nourrissant à la fois de l’énergie libérée lors de la condensation de la vapeur d’eau et des différences de température et de rosée sur un plan horizontal.

 

Au summum de sa puissance environ 20 heures avant son atterrissage sur le New Jersey, les vents dépassant les 64km/h couvraient une région de 2 400 000 km2 soit 87 fois la taille d’Haïti, seul Olga en 2001 a fait mieux. La zone ou les vagues atteignaient ou dépassaient 4 mètres s’étalaient, au pic de la puissance de Sandy, sur plus de  2 240 000 km2 ou environ 1% de la surface des océans du globe. Le plus incroyable c’est qu’environ 12 heures avant d’atteindre le nord-est des USA, l’énergie total produite par ses vents >64km/h ont atteint 329 terra joules – la plus forte valeur pour un ouragan de l’Atlantique depuis au moins 1969, 2.7 fois plus puissante que Katrina à sa puissance maximum et représentant une puissance égale a 5 bombes atomiques de la puissance d’Hiroshima. Finalement au moment de son atterrissage sur le New Jersey les vents de tempêtes soufflaient sur environ 1 508 km pulvérisant le précédent record détenu par Igor en 2010 avec  1 380 km.

Olga,     2001: 1 255 288 km  carres
Sandy,  2012: 901 232   km carres
Lili,        1996: 885 139    km carres
Igor,       2010: 885 139   km carres
Karl,       2004: 692 017   km carres

Pas étonnant donc que beaucoup de ‘’médias’’ et certains ‘’scientifiques’’ aient vu en la super tempête Sandy une conséquence  des ’’ changements climatiques’’.

Qu’en est-il exactement ? Comment expliquer la taille surdimensionnée de la tempête ? Sa trajectoire particulière? Verra t-on d’autre Sandy dans un futur immédiat?

Si les mécanismes contrôlant les puissances des ouragans sont assez bien connus, nous devons toutefois avouer notre ignorance quant à ceux contrôlant leurs diamètres. Pourquoi certaines perturbations se développent en de larges cyclones comme Sandy ou Katrina alors que d’autres n’atteignent qu’une faible envergure ? Nous pouvons néanmoins avancer un certains nombre de facteurs ayant probablement contribués à la taille de la tempête.

 

D’abord  l’étendue de la perturbation qui a été à l’origine de Sandy.

Cette onde tropicale, interagissant avec une zone de basse pression de surface  au nord du Panama, recouvrait en effet presque toute la caraïbes central. Des études menées par Kerry Emanuel  de la M.I.T et rotuno en 1987 ont montré que les ouragans prenant naissance dans de vaste zone dépressionnaire avaient tendance à être plus large.

Le taux d’humidité dans la région ou Sandy a pris naissance.

La quantité d’humidité présente dans l’atmosphère lors de la genèse d’une perturbation cyclonique  peut déterminer la surface occupée par le système tropical comme Hill et Hackman l’ont démontré en 2009. Sandy à en effet pris naissance dans une région ou les taux d’humidité  atteignaient les 70 %, aucune autre perturbation lors de la saison 2012 n’a pris naissance dans un environnement aussi humide.

Son passage sur Cuba.

En atteignant Cuba, Sandy était un ouragan de catégorie 2 en pleine expansion avec des vents maximum de 178 k/h. Alors que le noyau central était au dessus des terres, coupé de sa principale source d’alimentation, les eaux chaudes entourant Cuba, les bandes nourricières quant à elles, étaient toujours au-dessus des eaux chaudes de l’Atlantique et de la Caraïbes et puisaient au dessus de  l’océan de l’énergie qui  servait donc à alimenter la partie extérieure à l’anneau central. Quand  Sandy émergea au dessus de l’océan ses bandes nourricières étaient extrêmement actives dû à cette énergie supplémentaire extraite de l’océan dans les régions extérieures  de la perturbation, pendant que le noyau central traversait Cuba. Cette énergie accumulée hors du noyau central a sans doute permis à Sandy à accroitre sa taille un peu plus tard.

L’interaction avec un centre de basse pression au dessus des Bahamas.

Lors de son passage sur les Bahamas le 25 octobre dernier Sandy a rencontré de très forts vents d’altitude, ayant pour origine une dépression d’altitude à l’ouest du cyclone, qui ont provoqué un fort cisaillement sur la perturbation entrainant un affaiblissement de  l‘ouragan et facilitant  la destruction de son noyau central. Sandy a toutefois compensé en augmentant le champ d’action de ses vents dont le rayon d’action entre 15 et 21 UTC (10h am et 16h pm local)  s’accru d’un facteur supérieur à 2.

L’influence exercée par la rotation de la terre.

En effet à mesure qu’une tempête se rapproche des raisons polaires elles acquièrent un plus fort  potentiel rotationnel puisque la rotation de notre bonne vieille planète rajoute un peu plus de rotation dans le plan vertical de l’atmosphère à mesure qu’on se rapproche des pôles. Cet apport additionnel explique pourquoi le diamètre des  cyclones tropicaux augmente  lorsqu’ ils incurvent leur trajectoire vers le nord pour se rapprocher des régions polaires.

La présence d’un autre centre de basse pression ou talweg d’altitude.

Lors de l’atterrissage de Sandy sur le New Jersey un centre de basse pression en altitude ou creux  localisée à l’est de l’ouragan commença à pomper de l’air froid au vers le cœur de la perturbation ce qui créa assez d’instabilité (grande différence de température entre la surface et les niveaux supérieur de l’atmosphère) pour transformer Sandy en un centre de basse pression extratropical ou ’’nor’easter’’. Le champ d’actions des vents de ces systèmes hivernaux dit extratropicaux  est beaucoup plus étendu que celui des ouragans tropicaux  car leur énergie est extraite le long des surfaces frontales qui s’étire sur des milliers de kilomètres et ou il existe de grandes différences de température. Ainsi au moment ou Sandy atterrissait, la surface  balayée par ces vents s’est accrue considérablement.

Quant à sa trajectoire assez inhabituelle elle a été causée par la présence d’un puissant courant de vents aériens ou jet stream associé à un puissant blocage au-dessus de l’Atlantique nord qui a dirigé le cyclone vers l’ouest.

Les changements climatiques dans tout cela ?

Niet ! Des trajectoires pareilles il y en déjà eut comme en 1903 (le vagabond hurricane), Sandy a simplement bénéficier de conditions particulières comme des températures de surface océanique au dessus de la moyenne le long de la cote est des USA, associé a l’OAM qui atteint des valeurs records en septembre, ce qui aide a expliqué la puissance de la tempête. Le blocage quant à lui est la conséquence de l’oscillation nord atlantique (NAO) qui dans sa phase négative favorise un jet stream plus incurvé avec une trajectoire très méridionale favorisant le lent déplacement des phénomènes météorologiques. La perte de glace record dans l’Arctique, associe une fois de plus à l’OAM, a-t-elle sans doute favorisé ce blocage. Sandy s’est trouvée au bon endroit au  moment  ou des conditions particulières mais pas exceptionnels ont aidé à sa longévité et à sa transformation en une sorte d’hybride assez inhabituelle. Comme l’a si bien dit Kerry Emanuel, spécialiste des ouragans à la MIT, ‘’établir un lien entre Sandy ou n’importe quel autre événement météorologique  et le changement climatique  serait comme avancé qu’el Niño serait responsable d’un accident sur une autoroute de la Californie’’.

 

Rudolph Homere Victor

Mètèorologiste

Penn State University

Mr meteo.info touts droits réservés 24 janvier 2013