Les 5 et 6 août 1980, le sud d’Haïti fut balayé par le plus puissant cyclone jamais répertorié sur l’Est de la mer des Antilles.

Le 29 juillet 1980, une puissante onde tropicale quitte l’Afrique et met le cap vers l’Ouest. Dès le 1er aout les images satellites indiquent que ce très large système dépressionnaire est assez organisé pour être promu au stade de dépression tropicale. Évoluant dans un environnement très favorable Allen atteint rapidement le stade de tempête tropicale aux premières heures de l’aube du 2 août et devient un ouragan dans la soirée. Le lendemain,  la première mission de reconnaissance des chasseurs des US Air Force pénètre le cyclone dans l’après-midi et observe des vents soutenus près du centre de l’ordre de 203.9 km/h et une pression centrale de 967 Mb, donc d’un cyclone de catégorie 3.

Le centre des ouragans de Miami dans sa discussion émise le 1er aout estima qu’en raison de la présence d’un creux en altitude sur Porto-Rico, des vents défavorables produirait du cisaillement sur la caraïbes Est créant des conditions défavorables pour Allen, mais ce dernier l’entendait autrement; d’abord le creux se déplaça vers l’Ouest ce qui aida à la ventilation de l’ouragan, ensuite l’immense Anticyclone au-dessus de l’ouragan se déplaça en tandem avec elle permettant une rapide période d’intensification.

En effet, dans la soirée du 3, la pression atteignit 951 mb  au moment où l’ouragan passait au Nord de la Barbade juste au Sud de l’île de Sainte Lucie où 18 personnes perdirent leur vie.

Des vents de 170 km/h furent enregistrés à la Barbade où 500 maisons furent détruites ou endommagées et les dégâts estimés à plus de 1.5 million de dollars (dollars de 1980),

en Guadeloupe 1 décès fut rapporté. En Martinique, des vagues de plus de 6 mètres balayèrent les côtes alors que le centre du cyclone évoluait à 78 km au Sud, les dégâts furent considérables.

Entretemps, Allen continua de se creuser et établit un premier record avec une pression centrale de 911 Mb (record absolu pour l’Est de la mer des Caraïbes) et des vents maximums de 260 km/h alors qu’il se trouvait au Sud de Porto-Rico au cours de la soirée du 4 août tout en maintenant le cap  vers l’Ouest-Nord-ouest en direction des côtes Sud de la Jamaïque.

En raison de la très large circulation d’Allen (les vents de tempêtes s’entendaient à plus de 300 km du centre) un bulletin d’alerte fut donc émis pour le Sud de la République Dominicaine et le Sud-ouest d’Haïti.Entretemps, un cargo battant pavillon panaméen qui avait levé l’ancre à Santo Domingo durant la soirée du 4 fut apparemment intercepté par Allen au large d’Hispaniola alors qu’il était en route pour Belize city (Honduras). Ce navire ainsi que ses 25 membres d’équipages ne furent jamais retrouvés.

Durant la nuit du 4 au 5 les vents soutenus près du centre atteignirent 287 km/h avec des rafales qui dépassaient les 320 km/h (rappelons si besoin est que les plus fortes rafales de Flora ne dépassaient pas les 250 km/h) et l’ouragan infléchit sa trajectoire vers le Nord un phénomène probablement dû au développement d’intenses activités convectives sur les hauts sommets de l’ile d’Haïti, ce qui a probablement fait baisser la pression au Nord du système et ainsi permis au super cyclone de prendre de la latitude. Une nouvelle trajectoire qui elle, est maintenue et le conduirait inévitablement vers les cotes du Sud-ouest d’Haïti ou l’apocalypse pourrait devenir une réalité.

En effet, peu après 14 heures locales de fortes rafales commencèrent à balayer d’abord le Sud-est ou des milliers de maisons perdirent leur toits, des gens suffoquèrent sous l’action des puissantes bourrasques du cyclone, des milliers d’arbres déracinés, beaucoup avaient leur tronc brulé par l’effet de friction dû aux vents (entre 80 et 130 km/h), puis ce fut autour de l’Ouest et l’Artibonite. A Port-au-prince ce fut un vrai déluge, la pluie tombait presque horizontalement, des tôles arrachées aux toitures ainsi que toutes sortes de débris tuèrent plus d’une quarantaine de personnes et en blessèrent plus du double, toutes les rivières étaient en crue, dévastant tout sur leur passage.

Pendant plus de douze longues heures, les vents oscillèrent entre 50 et 90 km/h. Mais ce fut le Sud et la Grande-anse qui payèrent, comme c’est souvent le cas d’ailleurs, le plus lourd tribut. La nuit du 5 au 6 aoùt fut en effet un vrai cauchemar, des vents soutenus de 110 et 200 km/h des pointes de 240 (et peut-être) pendant de longues heures, des millions d’arbres abattus, les récoltes emportées par les flots ou les vents, un nombre inconnu d’habitations détruites ou endommagées. Une onde de tempête s’abattît sur l’Ile-à-vache ou plusieurs citoyens périrent (des sources officieuses parlent de plus de 200 morts), la ville des Cayes est sous plus d’un mètre d’eau, à Chantal la caserne des FADH réduites en miettes, dans la zone des Anglais, Tiburon, plusieurs petits villages de pêcheurs furent emportés par les flots; pendant près d’une semaine des cadavres étaient rejetés par l’océan et pourtant au dernier moment Sa Majesté Allen 1er bifurqua vers l’Ouest et perdit un peu de son intensité (les vents tombèrent à 206 km/h) ce qui évita au côtes Sud du pays de connaitre la pire catastrophe haïtienne du 20e siècle. Ainsi, l’œil du cyclone passa à environ une soixantaine de kilomètres au Sud des Cayes qui connut probablement le plus violent cyclone depuis le puissant Cléo d’aoùt 1964. Allen continua sa route, balaya la Jamaïque et fut de nouveau promu en cyclone de catégorie 5 au Sud de Cuba, avec une pression centrale de 899 Mb et des vents de 306 km/h égalant l’ouragan Camille (1969).

Puis, Il s’affaiblit de nouveau à l’entrée du golfe du Mexique (de l’air sec fut entrainé au cœur de cette vaste circulation) pour accéder pour la troisième fois au stade de catégorie 5 (un record égale par Ivan en 2004) avant d’atterrir sur le Nord du Mexique et le Sud des USA où il causa 6 morts et plus de 300 millions de dollars de dégâts. Le nom d’Allen a été définitivement retiré de liste des ouragans.

Officiellement, on parla de 440 morts, un chiffre qui toutefois ne correspond pas au nombreux rapport venant des correspondants en province de chaine de radio crédible et d’organisation non gouvernementale (le chiffre total se situerait probablement autour de 1000 à 1500) et les dégâts furent évalués a 400 millions de dollars.

NB :

Les vents dans les cyclones de catégorie 5 ont une puissance phénoménale ,en effet souvenez vous que la force du vent est proportionnelle au carré de la vitesse.Si celle-ci est de 240 km/h, la pression par mètre carré est de 600 kg. Mais dans les rafales d’un cyclone de forte puissance, comme Allen, où les vents peuvent atteindre les 360 km/h, elle est alors,en une fraction de seconde, de 1225 kg/m2.Il s’agit , dans ce cas, non plus d’une poussée mais d’une percussion, à l’effet plus destructeur encore, pour une même pression, que l’action statique d’un vent continu.

Sources :

“Atlantic hurricane best track (HURDAT version 2)”

“Atlantic Hurricane Season of 1980”. Monthly Weather Review (American Meteorological Society)

“Tropical Depression Advisory Number 1”.

Hurricane Allen Tropical Cyclone Report Page

“Discussion for Tropical Storm Allen, 11 a.m. EDT, August 2, 1980”. National Hurricane Center. Retrieved 2011-05-13.

“Discussion for Hurricane Allen, 5 p.m. EDT, August 4, 1980”. National Hurricane Center. Retrieved 2011-05-13.

 

 

 

 

Rudolph Homère Victor

Météorologiste

AMS

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